Dans deux semaines se tiendront des élections régionales et départementales dans lesquelles de nombreux observateurs voient surtout une primaire de la droite, en vue de la présidentielle de l’an prochain. Encore faut-il que se dégage plus nettement que les autres un vainqueur du scrutin, ce qui n’est pas acquis.
En 2017, Emmanuel Macron avait pulvérisé la gauche, après que les frondeurs du PS ont allumé la mèche. La droite, s’est pulvérisée presque toute seule, avec un coup de pouce des juges il est vrai.
En 2022, LR risque fort de se retrouver dans la même situation que le PS, aujourd’hui simple force d’appoint pour l’extrême gauche-verte : LR est au bord de l’implosion et plusieurs de ses cadors pourraient se répartir entre l’extrême droite (Marine Le Pen drague ostensiblement Nadine Morano et Éric Ciotti). Emmanuel Macron (n’évoquons pas le parti LREM, qui n’existe que par et pour son fondateur) a déjà attrapé dans ses filets quelques gros poissons du parti sarkozyste, en 2017 surtout mais cette année aussi avec la prise Estrosi, de sorte que les autres, qui refusent toute alliance (pour le moment du moins) avec le RN, n’auraient qu’à suivre le banc.
Tout semble déjà en place pour une répétition de l’édition 2017, du moins au second tour : Macron-Le Pen, mais cette fois avec une incertitude bien plus grande quant au résultat final.
Or dans leur immense majorité, les Français réclament le rétablissement de l’autorité de l’État, mais sans l’extrême droite. L’offre existe et s’appelle droite républicaine. Il reste donc une (petite) chance d’éviter son éclatement définitif, qui conduirait à la mort de LR : que les élections régionales jouent le rôle des primaires de la droite et que dès juillet, au pire début septembre, elle se mette comme un seul homme (ou une seule femme) derrière un seul candidat. Trois présidentiables sont en lice : Xavier Bertrand dans les Hauts de France, Valérie Pécresse en Île-de-France et, sa discrétion nationale nous l’aurait presque fait oublier, Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes.
Xavier Bertrand est déjà candidat à l’Élysée, et son programme semble en phase avec les attentes des Français : à droite, mais pas trop, ce gaulliste social inspire confiance. Reste à savoir si le personnage imprime, s’il est le leader charismatique dont la droite, aux accents bonapartistes, a besoin pour revenir au pouvoir. A moins que ce dont auraient justement besoin les Français, c’est d’un président normal après la flamboyance et les erreurs de l’actuel chef de l’Etat ? Après Sarkozy, Hollande. Après Macron…
Sur une ligne très proche de celle de Xavier Bertrand, Valérie Pécresse a un atout : la France n’a jamais eu de présidente. On a essayé la droite, la gauche, le centre (« en même temps »), on ne veut pas d’islamogauchiste, on pense certes vert, mais nos verts sont vraiment trop rouges, et on se méfie (à raison !) de l’extrême droite. Pécresse est de droite, si tant est que ce qualificatif fasse encore sens, et elle pourrait séduire les Français. Alors une lady à l’Élysée, ce pourrait être tentant. Mais Précresse ne serait-elle pas un tantinet trop Versaillaise pour rencontrer l’adhésion du peuple français ?
Pour que les élections régionales deviennent la primaire de la droite, il faudrait que deux des trois candidats précités échouent. Mais les trois peuvent gagner leur pari régional. Dans ce cas, il faudrait a minima que l’un d’eux suscite une émulation, une adhésion, un courant ascendant vers les cimes élyséennes pour que sa candidature devienne une évidence.
À défaut, la droite organisera une primaire classique, machine à perdre dans un contexte de division voire d’éclatement. Et elle perdra. Et nous aurons Macron-Le Pen au second tour, et peut-être l’extrême droite au pouvoir, avec toutes les déclinaisons du « on est chez nous », une préférence plus ethnique que nationale appliquée par les petits soldats du RN, militants, sympathisants, voire électeurs : priorité aux Français blancs et chrétiens ! Ou nous aurons à nouveau Emmanuel Macron, avec une crise politique au premier conflit social, et un pays qui risque de devenir ingouvernable, surtout quand on présentera aux Français la facture du « quoi qu’il en coûte ». Macron réélu par défaut en mai 2022, nous aurions une cohabitation dans les semaines qui suivent l’issue des législatives. Encore cinq ans de perdus pour la France !
Idéologiquement, la droite républicaine, en phase avec les Français, devrait avoir un boulevard devant elle pour reconquérir le pouvoir. Pratiquement, sa bêtise légendaire (ses divisions idéologiques devraient nous inciter à parler des droites irréconciliables) peut la conduire aux abîmes. Puissent les élections régionales lui servir de planche de salut, en désignant son candidat aux grandes festivités de 2022 dès la fin des élections territoriales.
Michel Taube
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