Monsieur Nicolas Lacroix, vous êtes président du Conseil départemental de la Haute-Marne et candidat à votre réélection les 20 et 27 juin. Les élections départementales sont complètement absentes du débat politique national. Comment l’expliquez-vous ?
Tout d’abord, les départements sont, de manière générale, assez malmenés par l’État. Je pense notamment aux débats organisés et diffusés par des chaînes de télévision publique, comme France 3 Régions, qui diffuse un débat à 23h45 !
La distribution des circulaires et professions de foi a été confiée à un opérateur autre que La Poste et effectuée avant même le début de la campagne officielle. Les élections départementales sont pourtant les élections des territoires de France, avec de vrais enjeux de proximité, du quotidien, de ruralité.
Les observateurs annoncent le possible basculement de plusieurs régions au Rassemblement National. Des départements ne risquent-ils pas de connaître le même sort ?
On voudrait nationaliser les élections départementales. Les candidats du Rassemblement National, qu’ils soient de Marseille, de Haute-Marne ou de Bordeaux, présentent les mêmes circulaires, les mêmes programmes partout en France, qu’ils soient en zone rurale ou urbaine. Alors que les élections départementales portent sur des enjeux locaux bien souvent très peu politiques.
Pour ma part, je suis à la tête d’une majorité dans le département de la Haute-Marne qui est ouverte et va du centre-gauche en s’arrêtant, bien sûr, à la limite du RN. Politiser les élections est une erreur stratégique.
Pourquoi l’accès de tous les habitants de la Haute-Marne à la fibre n’est aujourd’hui pas effectif dans la Haute-Marne ? Pensez-vous que dans le prochain mandat, si vous êtes réélu, les Haut-marnais bénéficieront tous de l’accès à la fibre ?
Oui, c‘est prévu. Le département de la Haute-Marne a été un des départements pilote – dans le financement notamment – dans le déploiement de la fibre jusqu’à l’entrée de toutes ses communes. Ensuite, la région du Grand Est a pris le relai. Un contrat a été signé avec l’opérateur national Losange pour la période 2018-2022 dans 8 des 10 départements du Grand-Est, dont la Haute-Marne. Nous sommes donc aujourd’hui en plein processus. Il est difficile d’avoir un département attractif et de répondre au regain d’attractivité de la ruralité sans proposer la fibre et la téléphonie mobile.
Est-ce que le tourisme, un des secteurs les plus touchés par la pandémie, peut être un des vecteurs de création d’emplois et d’avenir pour les Haut-Marnais ?
Bien sûr. Le tourisme est un vecteur important pour le département de la Haute-Marne. Je rappelle que notre département compte sur son territoire le onzième parc national (le dixième étant les Calanques), le plus grand lac artificiel d’Europe, le Lac du Der, et la magnifique commune de Colombey les Deux Églises.
Pour mieux valoriser nos atouts, je propose de créer une agence d’attractivité. Elle regrouperait l’ensemble des acteurs du tourisme dans une même structure, et assurerait la promotion de la destination Haute-Marne, et pas seulement d’un site ou d’un autre. Miser sur le tourisme est une stratégie clé, mais il faut aussi parier sur l’attractivité pour l’accueil des nouvelles populations qui souhaitent revenir à un cadre de vie et un environnement préservés, notamment à la suite de la crise du Covid.
Que dites-vous aux Franciliens originaires de la Haute-Marne encore inscrits dans leurs départements d’origine et qui hésitent à faire le déplacement dimanche pour voter ?
L’enjeu est plus que local, nous parlons de l’avenir du département et de celui de la région Grand Est. Le conseil départemental est la collectivité des solidarités, plus de 60% de notre budget étant lié à l’humain et à la prise en charge de nos compatriotes. Les élections départementales sont donc les élections du quotidien. Je leur demande donc de prendre un peu de leur temps ce week-end pour aller voter.
Les départements ont toute leur place dans le paysage politique de demain. À tous ceux qui ne croyaient pas en leur pertinence, je rappelle qu’aujourd’hui, que les présidents des départements de France sont l’image de la France.
Propos recueillis par Michel Taube et Jessica Borges.
Remerciements à Christophe Rogi, maire de Semilly, et Jean-Michel Bertrand.
Notre indépendance, c’est vous !