Élections régionales et départementales : la forte abstention et l’éclatement du front républicain ouvrent une voie royale au Rassemblement National.
Lors des dernières municipales, la forte abstention avait conduit à l’élection de plusieurs maires EELV, des verts d’un autre âge, radicaux et utopiques sur le plan de l’écologie, mais surtout composante de la mouvance islamogauchiste qui condamne la gauche à rester pour longtemps dans l’opposition au niveau national.
Aux élections régionales et départementales (que tout le monde, pour ce qui est de ces dernières, y compris les médias, néglige royalement) les mêmes causes pourraient produire des effets analogues, mais cette fois au bénéfice du Rassemblement national, alors en position de conquérir plusieurs régions.
Mais ce ne seront pas seulement les électeurs restés chez eux que l’extrême droite devra alors remercier. L’éclatement du front républicain est la seconde condition de sa possible victoire, et tout porte à croire qu’elle se réalisera dans plusieurs territoires de France. La gauche en serait la première responsable, car à quelques exceptions près, LR et LREM éviteront des triangulaires au second tour si l’issue vraisemblable en est la victoire du RN.
Pourtant, une union de la gauche allant de l’extrême gauche, Verts compris, au moribond parti socialiste serait un gloubi-boulga digne d’une coalition israélienne ! Peut-être pire, car la fracture principale n’est plus entre la droite et la gauche, mais entre ceux qui veulent conserver le « système », s’y accommoder tout en tentant de le maîtriser, et ceux qui veulent casser la baraque sans vraiment savoir par quoi la remplacer. La meilleure preuve en sont les intentions de vote au second tour de la prochaine présidentielle : non seulement les électeurs de Jean-Luc Mélenchon rejettent toute perspective de Front républicain, mais au second tour, ils se partageraient entre l’abstention et le vote pour Marine Le Pen. Les dernières saillies complotistes de Mélenchon ne choqueront certainement pas l’extrême droite. Réciproquement, les islamogauchistes ne devraient pas trop s’inquiéter de l’avènement du RN. Marine Le Pen est parfaitement capable de passer un pacte avec l’islam politique pour éviter des émeutes voire une guerre civile : le calme dans les banlieues en échange d’un renoncement à reconquérir les territoires perdus de la République. Haine des élites, de l’Europe, des « riches », antisémitisme… Les points de convergence entre les extrêmes sont plus nombreux que leurs désaccords plus tactiques qu’idéologiques.
Si ces régionales sont une répétition des présidentielles, il y a donc de quoi s’inquiéter. Emmanuel Macron et tous les républicains devraient mettre ce qu’il reste de la gauche non marxiste devant ses responsabilités historiques. Stratégiquement, cela permettrait au passage d’enfoncer un clou dans l’unité de façade des Verts. Contrairement au courant dominant vert/rouge, Yannick Jadot, qui conduisit les Verts jusqu’à leur plafond de verre lors des élections européennes de 2019 n’est ni islamogauchiste, ni radical au point de croire qu’il arrêtera le réchauffement climatique en proscrivant le sapin de Noël et la 5G. Entre Le Pen et Macron ou un candidat LR, il devra choisir, et le faire dès maintenant, à l’occasion des élections régionales.
Enfin, la perspective d’une forte abstention devrait inciter les pouvoirs publics à mettre en place le plus vite possible le vote électronique par internet, à côté du vote classique en bureau de vote. Sans doute présente-t-il quelques inconvénients, mais ils sont largement compensés par l’endiguement de l’effondrement de la participation, qui porte gravement atteinte à la légitimité des élus. L’exemple estonien devrait à cet égard inspirer Emmanuel Macron l’Européen.
Au final, comme nous le confiait Matthieu Chaigne, directeur associé chez BVA Nudge Unit, spécialiste des théories comportementales, ce sont les seniors (avec la mobilisation attendue et redoutée de l’électorat du RN) qui détiennent les clés du scrutin de dimanche : iront-ils voter et dans ce cas les listes des candidats modérés ou centristes l’emporteront (sauf en PACA où nos aînés votent RN). Ou resteront-ils à la maison en guise de protestation pour planter des choux à la mode (bien pâle) de chez nous ? Et dans ce cas, la France entrouvrira un nouveau chapitre de son histoire politique !
Michel Taube
Notre indépendance, c’est vous !