Le premier tour des élections régionales a livré son verdict : large progression de la Droite et du Centre, bons scores de la Gauche Républicaine, très mauvais scores pour le parti présidentiel et pour le Rassemblement National, déconfiture pour les Insoumis.
Même si l’abstention très forte accentue la tendance, les électeurs qui ont fait l’effort d’aller voter malgré le beau temps ont très clairement indiqué leurs préférences. Et l’enseignement majeur est le refus de revoir un second tour Macron / Le Pen l’an prochain au second tour des présidentielles.
L’ancienne opposition classique Droite / Gauche refait surface, si tant est qu’elle n’ait jamais disparu. Le parti présidentiel n’arrive pas à s’ancrer dans les Territoires. Pire, il est en déroute dans le Centre où Marc Fesneau pensait pouvoir l’emporter, et en complète Bérézina dans les Hauts de France où les poids lourds du gouvernement Castex sortent KO du scrutin, dès le premier round. Ces ministres, comme le gouvernement Castex, auront du mal à s’en remettre et un remaniement d’envergure s’impose après le second tour, si Emmanuel Macron pense encore vouloir ou pouvoir se représenter en 2022.
Les résultats du premier tour des Régionales doivent inquiéter quelque peu le Président. A force de focaliser sa campagne électorale sur un inévitable duel Macron / Le Pen, la lumière contre les ténèbres, il a lassé les Français qui souhaitent avant tout que leurs problèmes soient pris en compte. Plutôt que d’envoyer le garde des sceaux et le ministre de l’intérieur au casse-pipe face à son futur plus sérieux adversaire, Xavier Bertrand, le président aurait mieux fait de leur demander d’agir vraiment sur les problèmes criants de sécurité et de justice qui n’échappent à aucun électeur et d’obtenir des résultats concrets. Sans parler de son ministre des retraites, incapable de produire le moindre projet sans effrayer les futurs retraités et bloquer le pays, ou de son ministre du logement, pire bilan de ce ministère depuis plusieurs générations malgré la crise de ce secteur qui s’annonce !
François Hollande doit savourer ce moment où son ancien protégé se retrouve dans le rôle de l’arroseur arrosé. Macron ne peut que s’interroger sur sa capacité à être au second tour de la prochaine élection présidentielle, et s’il pense ne pas pouvoir y accéder, à quoi bon se représenter ? autant soutenir Xavier Bertrand et le camp républicain, de droite comme de gauche, dès le premier tour !
Quant à la Gauche Républicaine, elle aura réussi à démontrer qu’elle n’est pas morte, au contraire. Elle peut encore faire de bons scores si elle s’unit et si elle trouve les figures qui l’incarnent. Très clairement, Audrey Pulvar aura raté sa campagne. Même si, unie, la gauche peut encore largement espérer l’emporter en Ile de France, le PS ne pourra prendre la tête de ce combat. Dommage, avec une candidate ou un candidat plus rassembleur, plus charismatique, et sans boulette sur les réunions « racisées », le Parti Socialiste aurait pu faire de meilleurs scores au premier tour, car le pouvoir de Valérie Pécresse était largement friable.
Valérie Pécresse semble pouvoir s’en sortir cette fois, faute d’incarnation à la hauteur à gauche. Pourtant son action à la tête de la région était loin de faire l’unanimité. Prenons l’exemple des transports, prérogative régionale. Pécresse durant la pandémie n’a pas multiplié les rames de trains, bus ou métros, elle n’a pas accéléré les cadences alors que ces transports étaient des clusters en puissance, passage obligé des travailleurs d’Ile de France ! Dimanche soir, elle a dû dire adieu à ses ambitions présidentielles.
Inutile de souligner la complète déconfiture des Insoumis à cette élection. Mélenchon pourra toujours crier que la République, c’est lui, il sait à présent qu’il ne pourra accéder à l’Elysée.
Enfin, si tout le monde s’est, à juste titre, offusqué de voir le candidat de gauche se maintenir au second tour en PACA, avant de se retirer, il est tout aussi scandaleux que Karima Delli se maintienne dans les Hauts de France. Au lieu de chercher quelques petites rémunérations pour les apparatchiks de sa liste, et pour elle-même, cette candidate, déjà députée européenne et présidente de commission Transports et Tourisme à Bruxelles, aurait pu s’honorer de retirer sa liste et de permettre un barrage total et le plus large possible face au RN. Et bien non, et silence dans les rangs au PS, LFI et chez EELV…
Si les élections présidentielles avaient lieu cette semaine, les suffrages auraient porté le candidat de la Droite et du Centre au second tour face à un candidat de la Gauche, a priori PS ou EELV, avec une victoire nette au second tour, dans une proportion de deux Français sur trois sans doute, de Xavier Bertrand, l’homme qui, face à l’opposition la plus forte, aura amélioré le plus sensiblement son score en 6 ans, simplement parce qu’il a travaillé tous les jours de son mandat à traiter les problèmes réels de ses électeurs !
Patrick Pilcer
Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers