Lors des élections régionales et départementales du 19 juin, marquées par un taux d’abstention record sous la Vème République, les médias nationaux ont peu couvert l’exception corse de ces élections.
0u plutôt les « exceptions corses » !
Car elles sont au nombre de trois et non sans conséquence à la fois sur le devenir de l’Ile et dans son rapport futur à l’État.
Première exception, le taux de participation de 57 % quand la moyenne nationale s’établit à 33,28 %.
La seconde exception réside dans le score cumulé des autonomistes et des nationalistes, soit près de 60 % des électeurs. Gilles SIMEONI avec près de 30 % pour le parti autonomiste « Fà populu inseme » et trois composantes nationalistes totalisant 28,5 % des voix (Jean-Christophe ANGELINI, 13,22 % ; Paul-Felix BENEDETTI, 8,39 % ; Jean-Guy TALAMONI, 6,90 %).
Résultats du scrutin insulaire, la gauche à 7 % avec 2 candidats, la droite à 24,5 % avec le Maire d’Ajaccio, LREM a près de 6 %, les autonomistes en confortant leur succès de 2015, sont désormais les » maitres du jeu » de la politique corse.
Et la confrontation au second tour dans une triangulaire entre Autonomistes, Nationalistes et la Droite conduit à une nouvelle exception : la bataille des « frères ennemis » de la cause nationale corse.
Jusqu’à présent, malgré des désaccords importants, les différentes parties du combat indépendantiste se retrouvaient toujours au second tour d’une élection, quelle qu’elle soit.
D’aucuns constatent que le mal insulaire de la politique—l’individualisme forcené, l’égo surdimensionné, le clanisme, l’absence d’une culture de l’intérêt général ayant divisé la gauche et la droite corse, frappe aussi le camp nationaliste.
Là, pour la première fois, le Président sortant de la collectivité, fort de son succès de premier tour, décide d’aller au bout de la clarification politique nécessaire entre les partisans de l’autonomie et ceux de l’indépendance.
Réaliste, Gilles SIMEONI sait que si les Corses adhèrent à l’autonomie, ils ne sont pas prêts, aujourd’hui, pour l’indépendance d’où la nécessité pour lui de marquer clairement la différence entre les deux combats.
D’où sa volonté aussi de contrôler non seulement l’Exécutif, mais aussi l’Assemblée régionale. Et ainsi être en position de force face à l’État pour obliger, ce dernier, à donner enfin plus de compétences, plus de pouvoirs à la Collectivité de Corse.
Peu de Français savent que la CDC* est une collectivité unique dans le pays puisqu’elle est la seule à cumuler les compétences des régions avec celles des départements, lesquels ont été supprimés.
Ce laboratoire du futur de notre organisation territoriale était un « cadeau empoisonné » pour des nationalistes, peu rompus à la gestion des affaires locales et certains, à Paris, pariaient que l’obstacle serait trop haut et permettrait de mettre fin à l’expérience de nationalistes à la direction d’une région française. Pari risqué, pari perdu pour les opposants à une décentralisation plus forte, voire une « différenciation » apaisée.
Au-delà de la division de la famille nationaliste que ne voudront voir que les thuriféraires de l’étatisme ou les revanchards du « monde d’avant », se joue, le destin de l’ile, son avenir politique, économique et humain.
Si, le 28 juin, Gilles Simeoni dispose d’une majorité relative ou absolue, l’État ne pourra plus continuer la bataille de tranchée menée depuis 6 ans contre lui, mais sera contraint de traiter le dossier corse « les yeux dans les yeux » au mieux des intérêts de « la France Napoléonienne » et de » la Corse Paoliste** »…
Michel Scarbonchi
* Collectivité De Corse
** Pascal PAOLI héros nationaliste corse
Notre indépendance, c’est vous !