Edito
12H10 - lundi 28 juin 2021

Et maintenant objectif Elysée 2022 ! L’édito de Michel Taube

 

Est-il seulement possible de tirer des enseignements des élections régionales et départementales en vue de la présidentielle, dernière élection à (encore) intéresser les Français ?

Le taux d’abstention d’environ 66 % tendrait à répondre par la négative. Si la moitié des abstentionnistes de ce dimanche votaient demain à la présidentielle, quel serait le résultat du premier tour ?

Les instituts de sondages et les éditorialistes, dont nous sommes, pensaient que l’abstention profiterait à l’extrême droite. Aux dernières municipales, elle fit le bonheur d’EELV. Cette fois, elle joua clairement en faveur des sortants. 

Le principal enseignement tient selon nous dans le fait que les élections européennes, municipales, législatives partielles et territoriales d’hier actent de l’échec du défi que voulait relever Emmanuel Macron : substituer à la droite et à la gauche démocrates un grand centre incarné par l’alliance entre LREM et quelques satellites fidèles (Modem, Agir…). Ce dessein est en train d’échouer et quand bien même Emmanuel Macron serait-il réélu par défaut président de la République en avril 2022, on voit mal les députés LREM emporter une majorité quelques semaines plus tard : les chiffres affligeants des listes LREM aux Régionales donnent un aperçu des scores que feront l’an prochain les candidats En Marche au Palais Bourbon. 

Si Emmanuel Macron est battu en 2022, LREM disparaîtra sur-le-champ. S’il est reconduit, le parti présidentiel peut craindre d’être laminé aux législatives, conduisant à une nouvelle cohabitation… Avec la droite et certainement point la gauche.

Car c’est l’autre leçon de ces élections territoriales : la droite républicaine, dans ou hors du parti LR, est en position de revenir au pouvoir en 2022, que ce soit par la conquête de l’Élysée ou celle de Matignon, via le Palais Bourbon. La carte de France des départements est signifiante : 64 des 95 départements de métropole sont désormais à droite.

Sur la plupart des sujets de société, en particulier les sujets régaliens avec en tête de liste la sécurité, les régionales sont en phase avec les souhaits des Français, régulièrement exprimés lors d’enquêtes d’opinion : ils veulent (en partie) le programme du RN mais sans le RN. Ils ne supportent plus l’insécurité, l’islamisme non maîtrisé, la déliquescence de la société, la perte d’autorité, mais ils ne veulent pas tomber dans les bras d’un parti qui, malgré ses efforts, ne parvient à se défaire de ses relents extrémistes et racistes auxquels s’ajoutent de forts soupçons d’incompétence, en particulier en ce qui concerne Marine Le Pen. Mais les Français ne supportent plus d’être traités de fachos par les leaders de la bien-pensance, parce qu’ils refusent de céder au diktat des minorités.

Les Français veulent aussi de l’écologie. Une catastrophe climatique (canicule, inondations, tempête…) peut leur faire oublier que nos verts pastèque (verts dehors, rouge dedans) sont avant tout des islamo-gauchistes dogmatiques qui pensent que la destruction du capitalisme, de l’économie de marché et de la propriété sont les préalables à un monde meilleur. Des charlots, et des charlatans, dont on espérait après les élections européennes de 2019, que sous la direction de Yannick Jadot, ils avaient enfin opéré un tournant pragmatique, et s’étaient libérés de l’emprise gauchiste et indigéniste. Chassez le naturel (pas vraiment bio)…

Sécurité, islamisme, écologie qui s’ajoutent aux constantes comme le pouvoir d’achat, le chômage, la protection sociale ou la retraite… Ce que demandent les Français, comme l’a confirmé ce scrutin régional, correspond bien au discours des ténors de la droite classique, les différences entre Xavier Bertrand, Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez étant marginales par comparaison avec les programmes de la concurrence. La gauche n’existe plus. Le PS est devenu le toutou des verts-rouges et de LFI. La gauche nous chante l’insupportable chansonnette du front républicain face au péril de l’extrême droite. Ils ont raison. Mais Anne Hidalgo et Olivier Faure comprendront-ils que Mélenchon et Julien Bayou sont autrement extrémistes et dangereux pour nos valeurs fondamentales, notre économie et la paix sociale ? 

Et la macronie ? Elle se résume à Emmanuel Macron. Et lui alors ? Il est dans les limbes de son « en même temps », en essayant de coller aux tendances du moment : plus de sécurité, mais aussi plus de vert, avec quelques onces de multiculturalisme, de jeunisme, d’égalitarisme… La quintessence du clientélisme, en somme.

La France est à droite et ne fait pas confiance aux partis extrémistes. Cette leçon des régionales est à peine entachée par le faible taux de participation. Xavier Bertrand est plus que jamais candidat, mais d’autres sont dans les starting-blocks. Il ne participera pas à une primaire de la droite. Soit les autres s’alignent derrière lui, soit il y aura plusieurs candidats de droite en 2022, avec le résultat que l’on devine. Ce matin, Xavier Bertrand a appelé Valérie Pécresse et Laurent Wauquiez à former avec lui un trio gagnant ! C’est sans doute sur ce terrain surtout (les trois prétendants s’entendront-ils ?) que se joue la prochaine élection présidentielle. S’ils arrivaient à s’entendre rapidement, ce serait le chant du cygne annoncé pour Emmanuel Macron…

 

 

Michel Taube

 

 

 

 

 

 

 

 

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