Retrouvez les lits étranges de la première partie ici.
Quand on pense au lit, on pense, bien naturellement, au fait de dormir. Mais si l’on est honnête, on songe également à de coquines parties de jambes en l’air. Et elles sont nombreuses sur les écrans du 7ème art ! Souvent banales, parfois émouvantes, rarement mémorables, certaines ressortent pourtant du lot.
Souvenez-vous du miroir au plafond dans la chambre à coucher de Basic Instinct… Un moyen de filmer la scène d’amour de façon subtile et efficace. Le lit devient alors le point de mire du spectateur et l’on en comprend plus tard la raison. Le pic à glace est en effet caché bien habillement sous le matelas. Le lit comme lieu de désir et de mort.
C’est également le cas dans le cultissime L’Empire des Sens, film oh combien ! langoureux de Nagisa Oshima. Là, le lit est utilisé comme un terrain de jeu érotique, avant d’être l’endroit où l’ancienne prostituée Sada Abe, emportée dans une spirale voluptueuse et incontrôlable, finira par émasculer son patron Kichizo. Les foulards qui ont servi à nouer des liens au sens propre (aux barreaux du lit) comme au sens figuré (entre les deux protagonistes), deviennent à leur tour une arme.
Un peu plus léger, mais néanmoins dramatique, le film A bout de souffle de Jean-Luc Godard montre le couple jouant entre les draps. Jean Seberg et son adorable frimousse entre dans une joute verbale entrecoupée de gestes d’amour avec un Jean-Paul Belmondo misogyne, mais attachant. Les draps s’agitent, s’envolent et dansent avec les personnages.
Le même réalisateur filmera, toujours dans un lit, l’une de ses scènes les plus mythiques de sa carrière. Michel Piccoli, alangui tout habillé sur le lit répond à une Brigitte Bardot allongée nue sur le ventre. « Tu les trouves jolies mes fesses ? ». Et mes seins ? Et mes yeux ? Dans ce Mépris, l’anatomie de son corps (assez parfait, il est vrai), est détaillée de ses pieds à son visage, sans en omettre une seule partie. Le lit défait accentue la sensualité de sa voix trainante.
Les scènes dans L’Amant de Jean-Jacques Annaud, bien que restant assez soft, revêtent beaucoup de sensualité. Dans cette adaptation du roman de Marguerite Duras qui narre son adolescence en Indochine, Jane March incarne tout à la fois l’innocence et la passion de ses seize ans. Le film connut un succès mérité.
Ce qui n’est pas le cas de Cartel. Ni succès, ni mérité. Penelope Cruz et Michael Fassbender s’enlacent devant la caméra du habituellement excellent Ridley Scott. Dans ce film récent, au casting de rêve, la scène offre néanmoins des éclairages intéressants puisqu’elle se passe entièrement en un cache-cache sous les draps, créant ainsi un environnement intimiste. Tout comme dans l’incontournable L’identification d’une femme d’Antonioni. Dans une scène inoubliable, le personnage féminin impose le rythme du jeu érotique en faisant flotter les draps au-dessus des corps dénudés.
Restons avec le metteur en scène Britanno-Italo-Américain qui dans Blow up ne fait que suggérer les scènes de sexe avec les mouvements du lit. Une façon implicite qui est utilisée également dans Delicatessen de Jean-Pierre Jeunet et Marc Caro. Dans ce long métrage plus décalé, l’objectif se concentre sur le va-et-vient des ressorts du lit, aux couinements caractéristiques.
Enfin, sans aller jusqu’à se déshabiller, La Chatte sur un Toit Brûlant de Richard Brooks se clôt avec une image du lit au premier plan et un baiser passionné entre Elizabeth Taylor et Paul Newman. En 1958, on savait demeurer chaste.
En revanche, ce qui se passe après The End, reste à votre entière discrétion…
Deborah Rudetzki
La semaine prochaine : lits et comédies