C’est presque un conclave : la direction de LR se réunit aujourd’hui pour adopter le mode de désignation de son candidat à l’élection présidentielle. Et si elle décidait, comme l’a annoncé Guillaume Peltier, le numéro 2 du parti, – sur le point d’être écarté pour voisinage trop insistant avec Robert Ménard, son soutien au seul candidat déclaré et bien placé dans les sondages, Xavier Bertrand ? La lettre adressée au Figaro hier soir par plusieurs prétendants à l’Elysée 2022 n’en donne pas l’impression.
La tendance de l’opinion, confirmée par les élections régionales, est que les Français veulent du Le Pen sans Le Pen, ni le reste du RN, lui-même partie émergée et relookée de ce qui demeure une galaxie fachosphérique. La France n’est pas à droite par conviction idéologique, mais parce que le sentiment diffus de chienlit s’est installé au fil du quinquennat, depuis l’affaire Benalla et surtout le mouvement des Gilets jaunes et son cortège de violences et de saccages. Conscients de la perte d’autorité de l’État et de l’incapacité des actuels gouvernants à apporter une réponse efficace à l’insécurité et à ses causes diverses, les Français exigent une reprise en main. Même si la raison de la majorité n’est pas toujours la meilleure (certains grands principes doivent lui demeurer supérieurs, ce que contestent les populistes), la tyrannie des minorités, y compris en matière de vaccination anti-Covid que les Français souhaitent désormais en majorité obligatoire, est la conséquence inéluctable d’un clientélisme poussé à l’extrême par la dénaturation d’un concept initialement prometteur : le fameux « en même temps » d’Emmanuel Macron.
La droite républicaine est en position de conquérir le pouvoir si elle sait se choisir un seul candidat derrière lequel elle se rangera avec détermination. Un sondage Ifop-Fiducial pour LCI et Le Figaro montre une poussée de Xavier Bertrand, qui se détache de ses concurrents à droite pour se rapprocher du duo de tête Macron-Le Pen. Certes, il en est encore relativement loin, mais tous les sondeurs savent que l’important est la dynamique de l’opinion.
La clé, ce n’est pas le président des Hauts-de-France qui la détient : Laurent Wauquiez, qui a siphonné les voies de l’extrême droite dans sa région Auvergne-Rhône-Alpes, comme Nicolas Sarkozy avait su le faire lors de la présidentielle de 2012, et Valérie Pécresse, réélue en Île-de-France en dépit du maintien de la liste LREM (le front républicain, c’est pour les autres !) vont-ils renoncer à se lancer dans la bataille ? Ou gagner du temps pour préparer leur candidature ?
Xavier Bertrand a déjà indiqué qu’il sera candidat, quoi qu’il advienne.
Forte de ses communes, départements, et régions majoritairement dans son camp, la droite sera-t-elle une fois de plus la plus bête du monde ? Ou veut-elle s’ouvrir le chemin du retour aux affaires ?
Michel Taube
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