Outre-Mer
13H16 - mercredi 14 juillet 2021

« L’Outre-Mer est la grandeur de la France »

 

Opinion Internationale vous propose une première série d’été 2021 : « Vive la France ! ». Chaque jour, un regard optimiste, une approche innovante ou décalée, des questions qui peuvent fâcher mais surtout nous rassembler autour de valeurs communes !

La République ne se limite pas à l’Hexagone qui n’est rien d’autre qu’un morceau de France. La République concerne la France tout entière, celle dont le cœur bat en Europe et qui étend ses bras vers l’Afrique, les Amériques et l’Australie, celle qui couvre trois océans fière d’être la première zone maritime mondiale, celle dont les populations, aussi diverses soient-elles, partagent les idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité pour former le grand peuple métissé de France.

Même si beaucoup de Français n’en sont pas pleinement conscients, l’Outre-mer est la grandeur de la France, car elle l’ouvre sur le monde et lui donne la plasticité qu’il lui faut pour être un grand pays rayonnant. L’Outre-mer offre à la France le voisinage direct des grandes puissances mondiales, et de formidables possibilités d’influence.

Les valeurs de la République française ont traversé les frontières hexagonales pour inspirer et animer les peuples d’Outre-mer. Démocratie, humanisme, liberté, égalité, fraternité… ces valeurs sont universelles. Elles dessinent un idéal d’humanité où que l’on vive, et permettent aux populations de s’accorder sur un pacte solide. Oui, les valeurs de la République française sont, par essence, adaptées à l’Outre-mer !

Dire que la Martinique est adhérente à l’Hexagone, n’a pas de sens, car la France n’est pas l’Hexagone. La Martinique appartient à la France tout comme la France appartient à la Martinique. L’une est consubstantielle de l’autre. 

Les Martiniquais sont traversés par deux courants qui, à première vue, semblent contradictoires. D’une part, ils souhaitent affirmer leur singularité identitaire, et d’autre part, ils éprouvent un profond désir de France. Certains politiques cherchent à opposer ces deux visions, en créant une fausse compétition : « plus on est martiniquais, moins on est français, et inversement ». Il s’agit là d’une instrumentalisation démagogique qui crée des tensions inutiles. La vérité est que plus on est martiniquais, plus on est français.

Une récente étude réalisée en mars 2021 a donné les résultats suivants :

4 % des Martiniquais souhaitent accéder à l’indépendance.

24 % des Martiniquais souhaitent avoir plus d’autonomie.

72 % des Martiniquais souhaitent consolider leurs liens avec la France.

Les Martiniquais sont donc très attachés à la République française. Pourtant, ce n’est pas ce qu’indiquent leurs votes. Depuis trente ans en effet, ils élisent des personnalités issues des rangs du PPM autonomiste et du MIM indépendantiste, des partis qui flattent avant tout des idées identitaristes, et qui se positionnent sur une ligne « séparatiste ». Mais les Martiniquais ne sont pas dupes. En les choisissant, ils affirment leur fierté martiniquaise, tout en sachant que le risque séparatiste est nul. Sauf qu’à Paris le message reçu est sans nuance : « les Martiniquais tournent le dos à la France. Ils veulent distendre le lien national ». Les conséquences de ce signal sont désastreuses : les rapports entre pouvoir local et pouvoir central sont affaiblis, et se limitent au strict minimum… Ce paradoxe du « je t’aime moi non plus » n’est pas de nature à nourrir la confiance et dynamiser les coopérations. Depuis trente ans, on voit la Martinique s’affaiblir sur les plans démographique et économique. On voit tous ses indicateurs baisser plus vite que ceux des autres départements d’Outre-mer. Un déclin que seule une affirmation politique claire du lien national peut enrayer. Je pense en effet qu’il faut que la Martinique sorte d’urgence de cette ambiguïté et réaffirme haut et fort son attachement à la France et aux valeurs républicaines. Il faut qu’elle le fasse par pragmatisme, pour renouer la confiance avec l’État, et pour co-construire de manière plus efficace son propre développement. C’est ce qu’a réussi à faire la Réunion, et c’est la voie choisie par la Guadeloupe et la Guyane, trois départements qui, contrairement à la Martinique, ont fourni de nombreux ministres à la France !

La Martinique doit également recréer les conditions d’un dialogue serein entre tous ses habitants. Aujourd’hui le dialogue est difficile, voire impossible, tant les clichés et les représentations sociétales sont puissants d’une communauté à l’autre. Ces représentations écrasent les faits, et installent des clivages entre les différentes composantes de la société. Elles empêchent les Martiniquais de s’accorder sur un même « récit ». Et elles limitent leurs capacités à imaginer ensemble des solutions vertueuses pour la Martinique. Nous devons nous saisir de ce problème et y apporter des solutions concrètes. De même que nous avons su le faire il y a vingt ans pour le dialogue social martiniquais, nous devons engager des travaux de même nature à l’échelle du dialogue sociétal. Nous devons le faire en mobilisant les citoyens, les associations, mais aussi les collectivités locales et l’État. Je pense que si nous parvenons à rétablir les conditions d’un dialogue serein sur tous les sujets de notre société, nous saurons notamment clarifier notre positionnement vis-à-vis de la République.

 

 

Emmanuel de Reynal

 

Emmanuel de Reynal est un acteur engagé dans la vie économique et sociale de la Martinique. Né en 1965 à Fort-de-France, il fait carrière dans la publicité régionale et participe activement à la vie associative de son île. 

Il est l’un des premiers adhérents de l’association Tous Créoles, fondée par Roger de Jaham et Gérard Dorwling-Carter en 2007, dont le but est de rapprocher les différentes communautés antillaises pour « faire de nos différences une œuvre collective ».

Il préside pendant 6 ans (2012-2018) l’association Contact-Entreprises dont l’objectif est de remettre les valeurs entrepreneuriales au cœur de la vie sociale et de faire « tomber les murs » entre le monde économique et tous les mondes qui l’environnent (éducation, jeunesse, politique, administration, associatif…).

Il est l’auteur de deux ouvrages :

– « UBUNTU, ce que je suis » publié aux éditions L’Harmattan en 2020

– « RECTA LINEA » publié aux éditions du Panthéon en 2021

Linkedin : https://www.linkedin.com/in/emmanuel-de-reynal-42755520/?originalSubdomain=mq

 

 

 

 

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