À bien des égards, l’événement était attendu depuis des décennies… Les outre-mer ont enfin leur Chaire universitaire en France. Sciences Po Paris inaugurait jeudi 8 juillet la Chaire outre-mer confiée à Martial Foucault, directeur du Centre de Recherches Politiques de Sciences Po (Le CEVIPOF), un des laboratoires de l’Institut d’Études Politiques de Paris. N’aurait-on pu en confier le magistère à un Ultra-Marin ? Comme le disait Pierre Aliker, premier adjoint d’Aimé Césaire à la ville de Fort-de-France, lors des funérailles du grand homme : « Les meilleurs spécialistes des affaires martiniquaises, ce sont les Martiniquais. »
Il était temps que « cette absence fût effacée », tant les outre-mer sont souvent les oubliés ou les délaissés de Paris. C’est que les Antilles (et on pourrait le dire de tous les territoires d’outre-mer qui se répartissent sur tous les océans), c’est la France, pleinement la France.
Citoyen martiniquais, collaborateur d’élus pendant 21 ans et amoureux de la photographie, Jean-Paul Jouanelle nous confie son attachement à la France et à la Martinique. Ayant vécu entre Paris, l’Afrique, la Guyane, la Caraïbe et sa belle île, ce Rocardien qui se définit encore ainsi politiquement, se sent à la fois Français, Européen, Caribéen et Martiniquais.
Cette identité multiple, c’est cela la France. Et « pas question de retrancher quoi que ce soit, de m’amputer d’une part de moi-même ! », nous confie-t-il.
Et Jean-Paul Jouanelle d’ajouter : « L’appartenance de la Martinique à la France ne fait aucun doute, même sur le plan idéologique. Ainsi les partis dits « indépendantistes » ont arrêté depuis longtemps de travailler à l’obtention de l’indépendance pour la Martinique. La preuve en est que lorsque le MIM, Mouvement indépendantiste martiniquais, a pris le pouvoir en décembre 2015 à la nouvelle Collectivité Territoriale de Martinique qui remplaçait les anciens Conseil Général et Conseil Régional, il l’a fait en s’alliant avec une partie de la droite qui a fixé comme condition à sa venue auprès du MIM, un engagement des deux partenaires à écarter pendant toute la mandature toute discussion sur une éventuelle évolution statutaire de la Martinique ! Engagement qui sera respecté pendant les six années de la mandature ! Curieux « indépendantistes » que ceux qui acceptent que l’indépendance devienne une question taboue ! Nous sommes loin des positions défendues par les indépendantistes de Nouvelle-Calédonie qui sont en train de se battre pour gagner le référendum du 12 décembre prochain ! »
Historien de formation, l’homme engagé aujourd’hui dans la photographie, mais aussi dans de multiples projets culturels s’est dit toute sa vie « épaté par la promesse républicaine : liberté, égalité fraternité, mais cette promesse n’a pas été réalisée entièrement en Martinique comme en témoigne la manière scandaleuse dont l’État traite la question du chlordécone. »
Il confie également une forte inquiétude relative à l’effondrement démographique que connaît la Martinique : « Nous serons dans quelques années la région française dont la population sera la plus âgée devant la Corse et la Guadeloupe. Une des 13 commissions de la CTM élue le 27 juin installée pas plus tard que vendredi 9 juillet 2021 est, c’est une nouveauté bien venue, dédiée à l’attractivité de la Martinique. Il faut enrayer l’exode de nos jeunes. C’est une urgence »
La solution ? Il est temps de réaliser pleinement dans les outre-mer cette belle promesse républicaine qui s’appelle la France, tout en s’appuyant sur les multiples atouts d’un territoire qui semble à bien des égards béni des dieux.
Michel Taube
Notre indépendance, c’est vous !