fières oriflammes
fichtre le jour d’ouverture
ne dure qu’un jour
Des règles strictes. Des performances attendues, des émotions certaines. Depuis toujours poésie et Jeux Olympiques partagent la même quête d’élévation de l’humaine condition par l’effort de l’esprit comme du corps.
Des odes à la gloire des vainqueurs chères à Pindare, poète grec du Ve siècle avant notre ère, aux vers déclamés par le maire de Londres, Boris Johnson à l’ouverture des Jeux de 2012, en passant par le pentathlon des muses imaginé par Pierre de Coubertin, l’art et la poésie ont toujours accompagné la célébration de ce qu’il y a de plus humain dans le dépassement de soi, inspiration et émotion, exploit sportif et communion avec le public.
Opinion Internationale célèbre cette humanité spirituelle et physique en saluant le peuple japonais qui accueille les Jeux Olympiques à Tokyo en proposant un haïku du poète Olivier Peraldi. Nous avions déjà publié un merveilleux haïku de l’artiste en 2019 et nous le retrouvons avec joie pour ce grand rendez-vous du Japon avec le monde.
Cette série de dix-neuf poèmes, adoptant avec humilité et admiration les exigences du poème court japonais, rapproche dans un hommage partagé la culture du pays d’accueil et la passion olympique. La recherche d’absolu que condense l’épure poétique, et la sublimation du dépassement de soi que symbolise la flamme olympique, procèdent d’une même humanité qui se confronte à elle-même dans un monde dont elle procède.
A chaque jour des Jeux, une discipline olympique a inspiré un haïku à Olivier Peraldi.
Par sa concision et sa recherche d’absolu, le haïku est la quintessence de la poésie japonaise. Opinion Internationale donne ainsi toute sa place à l’humanité d’un rendez-vous unique et planétaire.
Bonne lecture, bons Jeux Olympiques.
Michel Taube
[23 juillet]
fières oriflammes
fichtre le jour d’ouverture
ne dure qu’un jour
[24 juillet]
éclose dès l’aube
dans l’ombre du podium
ô fleur téméraire
[25 juillet]
lisse le skiff glisse
scindant l’eau et le soleil
sans effort ou presque
[26 juillet]
un cri au jardin
dans le soleil d’été
l’enfant se relève
[27 juillet]
pour qui chantes-tu
lune soleil et étoile
l’oiseau trois lumières
[28 juillet]
faire du salon
un terrain d’étirements
quelle gymnastique
[29 juillet]
combien coûte-t-il
ce melon dans le panier
pas plus de trois points
[30 juillet]
les poids retombent
l’haltérophile relâche
enfin je respire
[31 juillet]
le ballon en main
le petit garçon le garde
l’été sera doux
[1er août]
trois plus ou moins haut
et en mondovision
mais les pieds sur terre
[2 août]
le vent se lève
l’asagao bleutée vibre
léger yukata
[3 août]
quel est cet oiseau
venu des nues jusqu’aux flots
plutôt ce poisson
[4 août]
le stade résonne
de tant d’efforts et sueurs
si peu de public
[5 août]
des voiles des vagues
lumineuses arabesques
ô fou de dessin
[6 août]
fuyant feu follet
une planche quatre roues
mes jeunes années
[7 août]
la roue tourne en boucle
les champions se succèdent
cycle des saisons
[8 août]
même toi crapaud
tu voudrais l’escalader
la paroi si raide
[Final pour les spectateurs]
sur la terre rouge
des sueurs et des clameurs
il ne reste rien
[En attendant Paris]
la flamme là-haut
le nouveau-né sur sa mère
ô soleil levant
***