Cet été, voyager à l’étranger restera une gageure. Pourtant, plus que jamais, nous avons besoin d’évasion.
Les lectures estivales, à l’ombre d’un palmier, allongé sur un transat ou les pieds dans l’eau sur les marches de la piscine, sont peut-être l’occasion de rêver d’ailleurs, de partir au bout du monde et de fantasmer sur des destinations lointaines. Alors, suivez-moi, je vous emmène sur le subcontinent indien à travers des romans pleins de contradictions, à la fois tendres et violents, drôles et dramatiques, à l’image de ce pays qui ne ressemble à nul autre.
Tout d’abord, Le Dieu des Petits Riens, premier roman d’Arundathi Roy qui oscille habillement entre rires et larmes. Ce chef-d’œuvre littéraire narre la vie de jumeaux dont une tragédie va ébranler l’existence et les séparer. Famille élargie indian style, personnages truculents qui s’entrecroisent, religions et castes qui créent des dissensions, l’écrivaine nous plonge dans le Kerala de son enfance pour nous offrir un monde de liberté et d’aventures, mais aussi de secrets et de mensonges. À lire aussi, du même auteur : Le Ministère du Bonheur Suprême.
Succès phénoménal avec près de 2 millions d’exemplaires vendus et traduits en plus de 40 langues, La Tresse de Laetitia Colombani est un livre qui se dévore facilement. Trois destins, trois femmes, trois continents. Leurs histoires sont liées, telle une tresse, pour ne faire qu’une à la fin. Empreint d’humanité, cet ouvrage nous dépeint avec poésie la puissance de la volonté féminine.
Laetitia Colombani a d’ailleurs réitéré en 2021 avec un nouveau roman qui se passe, cette fois, entièrement en Inde : Le Cerf-Volant. Une Française quitte l’Hexagone à la suite d’un drame personnel et tente de monter une école dans le village de Mahabalipuram.
Obstacles administratifs, résistance des parents, exploitation des petites filles, mariages forcés et éducation comme bouée salvatrice (à la fois pour les élèves, mais aussi l’enseignante) sont décrits avec beaucoup de simplicité et de tendresse.
Akhila, fille aînée d’une famille dont elle a la charge, est toujours célibataire à 40 ans passés. Ce qui, en Inde plus qu’ailleurs, la classe au rang des moins que rien, seulement bonne à servir les autres, sans vie propre, malgré son indépendance financière. Elle entame, sur un coup de tête, un voyage en train vers le sud du pays. Dans ce Compartiment pour Dames, où l’on boit du chai, elle rencontre 6 femmes qui toutes racontent leur parcours, leur histoire, leurs joies et leurs frustrations. Dans ce récit, Anita Nair n’hésite pas à évoquer tous les tabous de son pays, pour porter un regard à la fois tendre et critique sur des mœurs qui ont la vie dure.
Noces Indiennes de Sharon Maas croise trois destins. Tout d’abord celui de la fille du cuisinier qui flirte avec le fils de ses maîtres anglais à Madras. Un médecin anglais qui soigne les plus démunis a adopté Nat, parti faire ses études à Londres. En Guyane britannique, une jeune fille se voit imposer un mari. Les traditions feront-elles le poids face à la passion et les aspirations des protagonistes ? Un livre brillant.
Grande fresque épique, Shantaram (homme de paix en hindi) débute par l’évasion de Lin d’une prison australienne. Il s’envole alors pour Bombay où il connaîtra l’amour, la trahison et la violence d’une société où se côtoient prostitués et religieux, soldats et mendiants, acteurs et mafieux. Plus de mille pages d’aventures trépidantes pour ce roman-fleuve digne de Montecristo. L’auteur, Gregory David Roberts, semble s’être largement inspiré de sa biographie pour ce livre dont la suite, L’Ombre de la Montagne, permet de retrouver Karla à l’envoûtante beauté, le taciturne Abdullah, Vishnu, Kavita, Didier ou Naveen.
Le livre, plus encore qu’auparavant, comme moyen d’évasion, pour découvrir une autre civilisation, des bords du Gange aux temples du Tamil Nadu en passant par la grouillante Delhi et les eaux troubles du Kerala.
Deborah Rudetzki