Gastronomie
19H55 - dimanche 15 août 2021

Chef Anto, la femme des champs

 

Chef Anto © karaphotoprod

Pour elle, l’Afrique reste le dernier continent à découvrir en termes culinaire. Elle c’est le Chef Anto, de son vrai nom Antompindi (« femme des champs ») Cocagne, la papesse de la gastronomie africaine et plus précisément gabonaise, à l’honneur ce 16 août (jour de la fête nationale gabonaise). Même si pour elle, les frontières du continent noir sont artificielles et ne correspondent pas forcément à la réalité des peuples. C’est pourquoi elle met en avant les ingrédients et non les pays et mélange allègrement les techniques, les saveurs, les épices négligées. Anto nous invite ainsi à nous plonger dans les senteurs de son enfance, à tenter l’aventure et à sortir des sentiers battus, car hormis le poivre du Penjab, les chefs (et les gourmets) ignorent tout de la cuisine africaine.

Alors elle rêve de faire découvrir son continent, ses origines, de faire partager ses habitudes alimentaires et ses connaissances. Avec un zest de dextérité et de techniques français, pour plaire au plus grand nombre.

Jonglant entre cuisine à domicile, conseils aux entreprises, émission télévisée (Rendez-vous avec le chef Anto sur Canal +), organisation de festival (We eat Africa), direction artistique du magazine Afro Cooking et livres culinaires (Goûts d’Afrique aux éditions Mango), la trentenaire déverse son énergie communicative partout.

Il faut dire que son parcours en ferait rêver plus d’un. Alors que ses parents ne veulent pas qu’elle s’engage dans la voie de garage qu’est la cuisine, elle persiste et vient en France où elle obtient un BTS en Arts culinaires à Lesdiguières, une Licence en Management des unités de restauration à l’IUT Pierre Mendès France de Grenoble et un Bachelor Restaurateur option Traiteur Organisateur de Réceptions à Ferrandi. Mais loin de se reposer sur ses jolis lauriers, elle s’envole vers de nouveaux horizons, pour les États unis à la Culinary Arts School. Elle y gagne en ouverture d’esprit. Sa cuisine, en diversité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De retour dans l’Hexagone, elle se lance à son compte et depuis, rien ne l’arrête. Surtout pas sa gourmandise dont elle nous délecte avec son fameux féroce d’avocat, ses boulettes de chevreau aux épices cajuns ou son houmous de petits pois à la menthe. Elle insiste aussi sur le fait que sa cuisine, loin des préjugées n’est pas forcément « trop » : trop grasse, trop sucrée, trop salée ou encore trop pimentée. On y trouve juste ce qu’il faut de saveurs et de chatouillements des papilles.

Quant aux desserts, elle y consacre un soin particulier, voulant montrer qu’ils ne sont pas les parents pauvres de la cuisine africaine : pain perdu mbouraké (à base de chapelure, de pâte d’arachide et de sucre) ou poire Belle-Hawa font donc partie de ses créations les plus prisées.

Alors, lancez-vous, remplacez vos bouillons cubes par des crevettes séchées, rehaussez vos recettes avec de l’akpi, essayez les graines de la paix et envolez-vous au Gabon, le pays de Cocagne. 

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Deborah Rudetzki

Directrice de la Rédaction

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