Ça y est ! Les bambins reprennent le chemin de l’école, les plus grands, celui du bureau. Pas toujours au top de leur forme, certains ayant dû faire une croix sur leurs vacances, d’autres ayant été limités dans leurs activités. Pour les juillettistes, les contraintes étaient moindres, mais dès le mois d’août, la nécessité du pass sanitaire et le boom des hospitalisations dans certaines régions en ont refroidi plus d’un. Sans parler d’un climat épouvantable au nord de la Loire…
Les Français se sont donc repliés sur leurs maisons secondaires et ont scruté les conditions générales de vente dans les plus minutieux détails pour s’assurer qu’ils pourraient bien faire marche arrière jusqu’à la dernière minute.
Pourtant, 37 millions de personnes avaient prévu de se dorer la pilule cet été, marqué par un timide retour des touristes européens, venus grossir les rangs des serviettes de plage bien que les 12 millions de Britanniques aient manqué à l’appel de même que les Américains, les Chinois et les touristes du Moyen-Orient, habituellement friands de notre culture, de notre gastronomie et de nos produits de luxe. Nos amis frontaliers étant moins consommateurs, boutiques et restos sont globalement restés en deçà de leurs paniers moyens.
Quelques régions s’en sont néanmoins sorties haut la main, notamment le pourtour de la Méditerranée (la PACA et la Corse ont été les deux régions les plus plébiscitées), à peine perturbé par l’irruption du pass sanitaire en plein milieu du mois d’août. De même, la fréquentation de la Bretagne est restée relativement stable, puisque beaucoup misaient sur la canicule comme l’année précédente. Raté.
Les vrais gagnants de cet été pas comme les autres (il faut en tout cas l’espérer) furent clairement les campings qui ont fait carton plein (+ 15 % par rapport à 2019), de même que les vacances itinérantes à bord de camping-car, permettant des changements de destination de dernière minute afin de passer allégrement des inondations aux chaleurs désertiques.
Et si la montagne a bien fonctionné, la perte des recettes hivernales n’a pu – et de loin – être compensée. Les villes thermales ont également été handicapées par la réduction des jauges dans les casinos et les établissements thermaux et globalement les municipalités ont reçu moins de taxes de séjour ou de recettes de stationnement.
Mais rien ne peut se comparer à la catastrophe parisienne puisque les vacances se sont déroulées le plus loin possible du bitume. Souvenez-vous le temps où il fallait faire deux heures de queue pour monter sur le tour Eiffel, où les billets des expos s’arrachaient des mois en avance, où les séances de cinéma affichaient complet… Aujourd’hui, aller au Louvre redevient un plaisir, mais économiquement le résultat est plus inquiétant.
La capitale a accusé une perte de plus de 50 % de sa fréquentation par rapport à 2019 alors qu’habituellement, dans l’Île-de-France, le tourisme représente 9 % de l’emploi salarié et 7 % du produit intérieur brut. Des chiffres qu’il sera compliqué d’équilibrer, d’autant que les restaurateurs et hôteliers font face à des difficultés de recrutement exacerbées et que la peur d’une cinquième, sixième ou septième vague (nous avons arrêté de compter) ajoute à leur problème. Sans parler des mouvements sociaux qui ne manqueront pas de rythmer la rentrée, comme si les commerçants n’avaient pas déjà assez peiné depuis deux ans.
Vivement les prochaines vacances !
Deborah Rudetzki