Depuis quelques jours, les Talibans, que nous pensions, il y a peu encore, défaits pour longtemps, ont repris le pouvoir à Kaboul, en profitant du retrait total des troupes américaines. Et les odieux attentats commis par Daesh ne rendent pas pour autant ces Talibans plus sympathiques ou fréquentables.
Le Président Biden a visiblement surpris tous ses alliés et les Afghans en premier lieu par la précipitation dont il a fait preuve dans ce retrait. A-t-il d’ailleurs prévenu la France et ses grands alliés ? Si oui, ce sont nos dirigeants qui sont les grands fautifs de ce cataclysme géopolitique, et ils doivent l’assumer clairement. Rappelons que la France avait retiré ses troupes dès 2014. Sinon, quelle erreur majeure de ce nouveau président dont on vantait en janvier, lors de sa prestation de serment, son expérience internationale ! Toutes les chancelleries, tous les commentateurs se plaignaient du côté prétendument imprévisible de son prédécesseur, mais force est de constater que ni Trump ni les Républicains n’ont jamais commis de telles erreurs, et qu’ils n’auraient jamais laissé les Talibans reprendre le pouvoir dans ces conditions et avec une telle humiliation pour les États-Unis et leurs alliés européens.
Il nous faut à présent protéger nos populations, et protéger le peuple afghan. Mais il suffit de voir les exactions que commet déjà la « police islamique » de ce nouveau pouvoir, malgré ses nombreuses promesses, façon taqiya, pour craindre le pire. Les différences entre Talibans et partisans de Daesh, souvent anciens membres des Talibans, ne sont que l’épaisseur du trait ; pour le Peuple Afghan, ce n’est que blanc bonnet ou bonnet blanc, le même obscurantisme ! Partout où les talibans s’installent, les écoles pour filles ferment, les droits des femmes, des homosexuels, des libres penseurs, des autres tout court, reculent, disparaissent. La science est rejetée. Ils refusent les vaccins, non pas contre le covid, mais contre la poliomyélite. Ils frappent, emprisonnent, lapident, exécutent, à la vue de tous, et ils mettent cela sur les réseaux sociaux !
Merci Biden ! On aimerait entendre les beaux penseurs anti-Trump s’exprimer à présent ! d’ailleurs, pourquoi les réseaux sociaux continuent-ils à blacklister Trump et laissent-ils les comptes des Talibans fonctionner ? Que vaut, sous Biden, l’alliance avec les États-Unis ? Que vaut sa protection, que vaut le fameux parapluie militaire américain ? Que pèsent sa parole, ses engagements, ses injonctions ? Comment la Russie et la Chine vont-elles tirer parti de cette humiliation façon Vietnam de leur grand concurrent sur la scène internationale ? Comment l’Iran, à quelques semaines du point de non-retour sur son obtention de l’arme nucléaire, va-t-elle profiter de la situation ? et Biden a-t-il d’autres « bonnes décisions » dans sa besace ?
Il nous faut également nous poser un certain nombre de questions sur ce qui a permis à l’obscurantisme, au fascisme à barbe et turban, à reprendre le pouvoir aussi facilement. Qui les a aidés, qui les a financés ? Peut-on ne pas sanctionner les pays qui ont financé nos ennemis ? Quel a été le rôle du Pakistan, de la Turquie, de l’Iran et du Qatar ?
Il nous faut enquêter et dire clairement, ouvertement, qui a été l’ami de nos ennemis, et il faut que nos responsables politiques nous disent si nous pouvons rester amis avec l’ami de nos ennemis ! Si ces enquêtes démontrent, par exemple, que le Qatar a financé et finance les Talibans, mais aussi le Hezbollah, comme il finance déjà un autre mouvement terroriste, le Hamas, pourra-t-on continuer à ignorer cela ? pourra-t-on jouer les aveugles ? S’il s’avère que le Qatar a financé les Talibans (et la question serait la même si les enquêtes prouvent que le Qatar a financé le Hezbollah, qui bloque tout processus politique au Liban), quelle doit être notre réaction ? Pourra-t-on encore maintenir la coupe du monde de football dans ce pays, qui brille par l’absence de résultats sportifs de ses équipes ? Doit-on geler les avoirs de ce pays sur notre territoire, PSG et Lionel Messi compris ?
Notre gouvernement doit répondre à ces questions, et chaque candidat à la Présidentielle doit nous indiquer, clairement, les conséquences qu’il en tire et les électeurs voteront !
De la même façon, nos candidats doivent dire clairement s’ils accueilleront des réfugiés afghans, selon quels critères, ou non. Notre génération reproche à juste titre aux Anglais, aux Américains, aux Suisses, etc… de ne pas avoir accueilli plus largement les Allemands qui fuyaient le nazisme à la fin des années 1930 et pendant la Seconde Guerre mondiale. Devons-nous, nous aussi, fermer nos portes aux gens qui fuient la barbarie, fermer nos yeux, leur tourner le dos, et répondre de cette lâcheté devant nos enfants, ou acceptons-nous d’accueillir ces réfugiés au risque de quelques terroristes supplémentaires sur notre sol ? Sans pour autant exempter les pays musulmans de leur devoir de solidarité envers leurs frères afghans, leurs voisins, un impératif ! et pourquoi la Chine, voisine elle aussi, n’en accueillerait-elle pas en nombre ?
Il nous faut, en même temps, gérer la catastrophe humanitaire, traiter le cataclysme géopolitique généré par Biden, et reconnaître comme tels nos amis et nos ennemis ! La lutte contre les Talibans passe aussi par là !
Patrick Pilcer
Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers