Emmanuel Macron a donc choisi les fameux quartiers nord de Marseille pour saluer la rentrée scolaire de 12 millions de jeunes et de plus d’un million de personnels de l’enseignement dont 866.500 enseignants dans les établissements publics et privés.
Une rentrée singulière puisqu’elle est la dernière de son quinquennat… L’école n’aura pas été le plus mauvais des bilans du chef de l’Etat : le dédoublement des classes dans les zones d’éducation prioritaire au niveau élémentaire restera comme l’une de ses rares grandes réformes. Jean-Michel Blanquer qui lui aussi aura fait un quinquennat rue de Grenelle a porté une réforme du lycée et du Bac dont les jeunes commencent à mesurer les effets, comme le souligne un jeune, Alexis Taube Le Guern, dans une interview de rentrée accordée à Opinion Internationale. Enfin, la France est l’un des pays où l’école est restée le plus longtemps ouverte depuis mars 2020 et la crise du Covid. Cette sanctuarisation de l’école, malgré les innombrables problèmes d’intendance et le manque de revalorisation forte du métier d’enseignant, est une belle victoire.
Mais cette dernière rentrée sera-t-elle la dernière du président de la République ? Une chose est sûre : Emmanuel Macron est en campagne électorale pour sa réélection et il compte bien être à nouveau présent début septembre 2022 dans une autre école de France…
Comme le montre le choix de cette école pour la rentrée élyséenne, aucun doute n’est possible. A Marseille, Macron veut reconquérir l’électorat populaire perdu au fil des années. On se souvient en mai 2018 de l’enterrement de première classe de tout plan national d’une politique de la ville rénovée et de l’humiliation en direct de Jean-Louis Borloo. Trois ans après (tiens, connaissez-vous cette illustre inconnue qu’est la secrétaire d’Etat à la ville de Jean Castex… Nadia Haie), voilà que le président de la République débarque dans la deuxième ville de France, endeuillée par des assassinats à répétition, pour annoncer une politique de la ville massive mais locale à quelques mois de l’échéance de son quinquennat, bref des mesures dont la plupart ne seront pas mises en œuvre avant les calendes grecquo-phocéennes…
Certes, l’Elysée nous dit que le président conduira des réformes jusqu’à la dernière minute mais tout cela fleure bon les promesses de campagne. Il en va de la politique de la ville comme de la laïcité : trop tard, le chef de l’Etat s’est engagé trop tard !
Vous avez dit laïcité ? La grande absente du programme annoncé pourtant à 360° d’Emmanuel Macron à Marseille. Ce matin espérons que le chef de l’Etat aidera les enseignants à expliquer à nos enfants de France ce beau mot incompris, ignoré voire méprisé par trop de de jeunes (et leurs parents) dans ces quartiers dits populaires et qui, trop souvent, sont devenus des territoires perdus de la République.
Michel Taube