BOITE, ▲ BOITE n.f.
■ Boîte à livres, dispositif (meuble à étagères, cabanon, etc.) installé dans l’espace public afin de permettre à chacun de déposer et d’emprunter librement des livres. (On parle aussi de microbibliothèque ou de bibliothèque de rue.)
Plus qu’un mot, un projet. Un projet d’échange qui nous rappelle que les êtres humains ont envie de transmission et de partage. Aimer un livre et le laisser à la disposition d’un quidam pour qu’il plonge à son tour dans un tourbillon de mots et d’émotions représente un joli cadeau. Et saisir l’ouvrage qui a été déposé là par un(e) inconnu(e), qui a précédemment été manipulé, dévoré ou même abandonné, nous connecte à cet autre. La découverte d’un livre est déjà en soi une histoire de passion. Pour s’en convaincre, il suffit de s’attarder quelques instants autour des 6 000 microbibliothèques répertoriées en France, dans les parcs, les gares, près des écoles ou au milieu de nulle part. Une ferveur enthousiaste domine dans les discussions entamées et les conseils prodigués aux environs de ces rayonnages insolites.
Une boîte à livres signifie aussi que l’espace public est aménagé pour créer un réseau solidaire et bienveillant, entre voisins ou gens de passage. Ces boîtes qui fleurissent au coin des rues montrent une confiance dans ce système collaboratif. Je prends, je donne. Des gestes gratuits qui bénéficient à tous. L’aspect « libre-service » de ces bibliothèques de rue se fonde sur l’espoir que l’altruisme a encore sa place en ce monde et que la cupidité ne règne pas en maître. On ne vole pas les livres, on les emprunte. On ne vend pas ses bouquins, on les met à disposition.
Enfin, la boîte à livres fait partie d’un écosystème qui refuse l’obsolescence programmée, qui veut donner une seconde, une troisième ou une quatrième vie à un ouvrage. Par nécessité parfois, pour protéger les forêts pour certains, par conscience citoyenne pour d’autres ou même pour éviter d’épousseter sa collection. Qu’importe. Tandis que la possession individuelle progresse, alors qu’un seul aspirateur pourrait profiter à tout un immeuble, alors qu’un appareil à raclette ne sert que trois fois par an, la bibliothèque de rue montre un chemin humaniste et généreux.
Pour une fois qu’une boîte n’enferme pas, mais ouvre au monde, saluons cette initiative et son entrée dans les pages du dictionnaire qui mènera vers d’innombrables mots à découvrir au gré de ses balades.
Deborah Rudetzki