Ce 11 septembre marquera les 20 ans de l’attentat qui bouleversa les relations internationales et les esprits. Pourquoi cette date est-elle si importante ? Pourquoi les autres actes de terrorisme n’ont-ils pas eu le même impact ?
Le fait qu’il se soit déroulé sur le sol américain n’est déjà pas anodin.
Ce vaste territoire, perpétuellement en guerre, n’a connu que peu d’attentats, et ayant été revendiqués par des groupuscules d’extrême droite ou des miliciens. Une explosion traumatisante est survenue à Oklahoma City le 19 avril 1995 (168 morts et plus de 500 blessés), un autre attentat a été perpétué le 9 octobre de la même année à Palo Verde (1 mort et 80 blessés), et encore un à Atlanta le 27 juillet 1996 qui fit 2 morts et 111 blessés. NY avait également été touchée par deux attentats en 1975, un en 1981 et un autre en février 1993, déjà contre l’une des deux tours jumelles du World Trade Center. Pourtant, les Américains ne parlaient pas de sécurité intérieure alors.
Mais le 11 septembre fut différent.
Combien de fois la vidéo des tours s’effondrant a-t-elle été visionnée ? Nous l’avons tous vue. Le bruit, la fumée, la panique et cette tour qui se ratatine sur elle-même ont marqué nos vies. D’ailleurs, pratiquement chacun d’entre nous sait ce qu’il faisait ce jour-là, à l’instant où il a appris le drame. Arrêt sur image.
L’ampleur de cet attentat – ou plutôt des 4 attentats quasi-simultanés – qui fit plus de 3 000 morts, dont 40% des corps non identifiés et le choc qu’il a provoqué, ont été bien plus prégnants tant pour les Américains que pour la communauté internationale, que n’importe quel autre acte similaire.
Pourtant, en France, nous avons, à maintes reprises, vécu le drame des attentats. Peut-être trop pour que la mémoire collective s’en souvienne d’un en particulier. L’Hexagone a en effet subi des centaines d’attentats, depuis 1974 et la grenade jetée par Carlos au Drugstore Saint Germain qui fit 2 morts et 34 blessés.
Plusieurs ont été perpétrés contre des journaux (Le Parisien Libéré, Minute, L’Express, le Matin de Paris, Le Monde, Le Globe, Tribune juive ont été victimes bien avant Charlie Hebdo), dans des stations de métro (Saint Michel, Maison Blanche, Port Royal), des avions, des trains, d’autres ont visé des commerces, une poste, une école à Villeurbanne, des cinémas…
Mais ils ont été si nombreux et si (in)différemment traités par nos gouvernements successifs, qu’ils n’ont pas eu l’impact de l’attentat du World Trade Center. Les États-Unis, comme ils savent si bien le faire, ont réagi dans la démesure. La création extraterritoriale de Guantanamo, l’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan, la traque d’Oussama Ben Laden, le Patriot Act. Ils n’ont ni réussi à punir les auteurs ni garantir leur future sécurité, mais ils ont tapé du poing sur la table. Alors, le monde s’en souvient.
Le Covid a depuis atténué ce souvenir, mais il reviendra malheureusement encore nous hanter pendant des décennies, tant que les Hommes n’apprendront pas le vivre ensemble et le respect mutuel. Pendant ce temps, en France, nous chassons nos propres démons avec le procès de ceux qui ont détruit de nombreuses vies le 13 novembre 2015.
Ne les oublions pas non plus.
Deborah Rudetzki