Interview de Céline Monchoux par notre chroniqueuse littéraire, Anne Bassi.
Vous avez écrit « Une princesse perdue dans la nuit » sous forme de conte. Pourquoi ?
Je souhaitais que ce roman soit accessible à tous à partir de 12 ans. Le sujet de la manipulation affective n’est pas facile et je voulais un ton léger pour l’aborder afin de permettre au lecteur de garder une certaine distance par rapport au récit.
La forme du conte est aussi propice à l’apparition de personnages ou d’objets merveilleux bien utiles que j’ai introduits pour apporter un éclairage sur les rouages invisibles de la manipulation et des clés pour s’en libérer.
Vous avez écrit une quarantaine de manuels pour des maisons d’édition positionnées dans l’univers scolaire et de la jeunesse. « Une princesse perdue dans la nuit » est votre premier roman et il a connu un beau succès. Vous avez récemment créé les éditions Sésames ; vous voilà désormais autrice et éditrice. Pourriez-vous nous rappeler votre parcours et nous dire ce qui vous a donné envie d’avoir cette double casquette ?
Mon rêve de petite fille était de devenir « maitresse ». J’ai pu le concrétiser et j’ai enseigné durant 17 ans dans les écoles toulousaines, dont 9 ans dans un Institut Médico Educatif auprès de jeunes enfants présentant des troubles des fonctions cognitives. Durant cette période, j’ai développé des outils pédagogiques, écrit des histoires et des chansons pour aider mes élèves à rentrer dans les apprentissages de façon active et ludique. Ce travail a intéressé les éditeurs scolaires, et c’est donc en parallèle de ma carrière d’enseignante qu’est née celle d’autrice. Petit à petit, l’écriture a pris de plus en plus de place dans ma vie, et j’ai quitté l’enseignement pour m’y consacrer pleinement en 2017. Cependant, bien que très heureuse de vivre de ma plume, ma dépendance vis-à-vis des maisons d’édition me pesait. J’avais aussi envie de plus de liberté, plus de projets, plus de collaborations avec les artistes et les professionnels de la chaine du livre. J’ai donc monté les éditions Sésames : https://editions-sesames.com
Comment les manuscrits vous parviennent-ils ?
Les auteurs peuvent envoyer leurs manuscrits par mail. Je cherche des idées innovantes pour les classes maternelles et élémentaires, les propositions d’(ex)enseignants seront lues avec une attention toute particulière !
En quoi vos collections sont-elles différentes ?
Toutes nos publications poussent les jeunes lecteurs à l’action et de façon ludique.
Par exemple, la collection Pays Lecture est une méthode d’apprentissage de la lecture interactive qui se présente sous forme de kamishibaï.
La collection Gigogne propose des récits à deux niveaux de lecture pour les lecteurs débutants, afin qu’ils choisissent la longueur du texte selon leur niveau ou leur envie du moment, ou pour une lecture à deux voix avec un lecteur plus expérimenté.
La collection ZigZag aborde des sujets de société sous la forme de récits « dont je suis le héros » afin de leur permettre de s’interroger et de faire des choix.
Si certains titres peuvent intéresser les familles, nos collections s’adressent surtout aux classes maternelles et élémentaires, car elles sont en lien avec les programmes scolaires.
Comment voyez-vous l’avenir des éditions Sésames ?
Dans un premier temps nous allons enrichir les collections déjà lancées. Nous élargirons ensuite les publications à de nouvelles collections et à des outils ludiques pour les classes, sous forme de jeux de cartes ou de société.
A plus long terme, nous envisageons de publier de la littérature jeunesse.
Quels conseils donneriez-vous aux auteurs d’un premier manuscrit ?
Surtout de ne pas rester seul !
Il existe de nombreux forums d’entraide et plusieurs associations d’auteurs auxquels je recommande d’adhérer afin de ne pas rester isolé. Auteur est un métier qui, comme tous les métiers, apporte son lot de droits et de devoirs qu’il faut connaitre quand on se lance.
Je recommande également de suivre les formations juridique et fiscale à destination des auteurs, ainsi que celle permettant d’apprendre à lire et négocier un contrat d’édition. Certaines sont gratuites.
Et enfin, beaucoup de patience et de persévérance. Trouver un premier éditeur est souvent difficile, il faut avoir confiance en son projet !
4eme de couv
Il était une fois… un roi, une reine et une princesse, Capucine. Un univers de conte de fées et pourtant Capucine est malheureuse. Après quelques années de bonheur, le roi change d’attitude. Bienveillant et à l’écoute de ses sujets, il la délaisse et la dénigre alors qu’elle œuvre pour se faire aimer.
Incomprise de tous et pour se sauver d’elle-même, elle décide de quitter le Palais, le cœur lourd. « Capucine, capricieuse ». : quand on est une princesse et qu’on a des fées pour marraines, on ne peut pas être malheureuse.
Commence alors pour elle une quête initiatique à l’issue de laquelle elle deviendra ce qu’elle n’avait jamais cessé d’être, une jeune femme libérée de toutes ses illusions.
Anne Bassi, chroniqueuse littéraire et fondatrice de Sachinka