Que ce soit au Musée de l’Armée aux Invalides, au Panthéon ou à la Grande Halle de la Villette qui propose une formidable exposition, Napoléon est à l’honneur en cette année 2021, bicentenaire de sa mort. Quant à nous, c’est au Château de Fontainebleau qu’il a complètement remeublé, que nous vous emmenons. Et plus précisément, pour comprendre un peu mieux l’Empereur conquérant, suivons ses pas sous sa tente de campagne.
Sillonnant l’Europe à la tête de ses armées, l’Empereur était escorté de plusieurs fourgons chargés du matériel nécessaire à cette vie de nomade, l’ancêtre du glamping* en quelque sorte. La tente que l’on peut voir au Château de Fontainebleau est dotée d’un tapis de style tigré. Il évoque les équipages qui accompagnaient l’Empereur dans ses conquêtes à travers le monde. Conformément à la volonté de Bonaparte organisateur minutieux, le grand écuyer Caulaincourt, à l’œil sourcilleux du moindre détail, veillait au confort matériel, épaulé par le Grand Maréchal du palais, Duroc.
Toujours soigneux, l’Empereur, même en campagne, avait à sa disposition un luxueux nécessaire de voyage et un bidet doté d’un clystère à poinçons tous deux œuvres de l’orfèvre Biennais (une expo lui est consacrée à la propriété Caillebotte jusqu’au 3 octobre 2021).
La vaste tente comportait deux parties : un espace de travail avec table et sièges pliants et une chambre à coucher, garnis d’un lit démontable, venant de la maison Desouches, « serrurier du garde-meuble de S.M. l’Empereur et le Roi ». Desouches déposa d’ailleurs le brevet de ces lits portatifs en fer. Une fois plié, il entrait entièrement dans un étui en cuir.
Disponible en grand modèle pour les officiers supérieurs et en petit modèle pour les autres, il se rabattait dans le sens de la longueur et de la largeur grâce à un système de rotules et pouvait « être transporté à dos de mulet » comme l’indique une facture retrouvée qui précise un prix de 1100 F. Les six pieds reposent sur des roulettes pour plus de commodité. Celui-ci est pourvu d’un baldaquin démontable également, dont la coupole au sommet est rehaussée d’une pomme en cuivre. En soie verte, doublés de coton blanc, les rideaux protégeaient de la lumière, mais aussi des moustiques. Pour assurer le sommeil du stratège, sa couche était gardée par le mamelouk Roustam qui s’allongeait en travers de l’entrée.
Ce type de lit en fer suivit Napoléon jusqu’à Sainte-Hélène et c’est dans l’un d’eux, aujourd’hui visible au musée de l’Armée, que l’Empereur s’éteignit le 5 mai 1821.
Les expos pour le bicentenaire de la mort de Napoléon Ier
Château de Fontainebleau : un Palais pour l’Empereur (du 14 septembre 2021 au 4 janvier 2022)
Musée des armées : Napoléon n’est plus (19 mai au 31 octobre 2021), conférences, visites et concerts jusqu’à fin janvier 2022
Propriété Caillebotte : Martin Guillaume Biennais, l’histoire de l’orfèvre de Napoléon Ier du 29 mai au 3 octobre 2021
Grande Halle de la Villette : Napoléon, du 28 mai au 19 décembre 2021.
* Ce terme anglophone se réfère à la location de logements insolites ou luxueux (tipi, lodge…) dans un cadre naturel. Le but est d’offrir un meilleur confort au vacancier, tout en gardant l’esprit camping.
Deborah Rudetzki