Politique
15H14 - mardi 14 septembre 2021

La citoyenneté selon Zemmour : n’est pas Napoléon qui veut !

 


Un polémiste qui cherche avant tout à ce qu’on parle de lui a défoncé le mur du « çon » en prétendant que selon les anthropologues on est du pays où on est enterré. Alors parlons nationalité et sans s’abaisser à la stupidité de son propos.

Tout d’abord, sa définition exclut toute double-nationalité, ou alors il faudrait couper le corps du défunt en deux. De quelle nationalité est l’enfant d’un père français et d’une mère belge ? doit-il restreindre son identité à une seule nationalité ou peut-il bénéficier de la diversité des apports de ses origines, et les conserver avec une double-nationalité ? Comment traiter les gens qui souhaitent que leurs cendres soient jetées au vent ou à la mer ? et Comment ôter leur nationalité aux soldats tombés sur le champ de bataille et enterrés sur place, de Sébastopol à Beyrouth, de la Lybie à l’Italie ? Pour ce monsieur, Anne Franck est-elle hollandaise parce qu’elle a vécu aux Pays-Bas ou polonaise parce qu’exterminée à Auschwitz ? Poser la question, c’est y répondre !

Mais surtout qu’est-ce que la nationalité ? c’est un attribut juridique, régi par le Code Civil et la Constitution, qui accorde à une personne des droits civiques et politiques, et qui la soumet en retour à des usages et obligations. Dès lors, c’est bien la vie de cette personne, ses parents, son lieu de naissance, son lieu de résidence, ses études, son éducation, sa culture, son mariage, son travail, son parcours militaire, etc… qui détermine le champ du possible en matière de nationalité et non sa mort. Comment la mort, comment la sépulture lui donnerait droits et devoirs civiques ? absurde. Rappelons que Napoléon Bonaparte souhaitait que toute personne étrangère avec une éducation française puisse être français. Non sa mort ni même son prénom. D’ailleurs, Napoléon est-il un prénom français ? Pour ce polémiste, en attribuant à sa naissance le prénom de Napoléon à leur fils, les Bonaparte l’excluaient de la citoyenneté française ! sans parler de sa mort à Sainte Hélène ! heureusement que ses cendres sont revenues en France !

Ce qui gêne ce polémiste est donc ailleurs, dans les origines des gens à qui on accorde la nationalité française peut-être ? ce qui le gêne est-il dans le fait qu’un des parents ou les deux ne soient pas français ? Pourtant ce polémiste vénère l’Ancien Régime ! Louis XIV est-il pour lui français ? ce fils d’Anne d’Autriche, née en Espagne, infante d’Espagne et du Portugal, une immigrée ! Pire, son père, Louis XIII était le fils d’une autre immigrée, italienne elle, Marie de Médicis ! et son père, Henri IV était protestant… Inutile d’évoquer Marie-Antoinette, reine de France mais autrichienne, dont le destin fut vite tranché.

Pour ce polémiste, pas de doute nos rois et reines étaient français, de bons Français. Alors qu’est ce qui le gêne ? la religion des citoyens devant leur choix de nationalité ? Dans son livre polémique, il évoque Merah et les enfants Sandler, assassinés par ce terroriste, un musulman et des juifs. Mais en quoi, dans un pays laïque, la religion, ou l’absence de religion, entre-t-elle en cause pour définir la nationalité ? Déjà, ce ne sont pas les enfants Sandler qui ont choisi le lieu de leurs sépultures, mais leur mère éplorée. Après ce monstrueux assassinat et la vague d’antisémitisme qui déferla, et déferle sur la France, cette mère pouvait-elle prendre le risque que la tombe de ses enfants soit vandalisée ? Pensons les stèles en mémoire à Simone Veil.

Ajoutons que l’enterrement touche à la conception personnelle, intime, de chacun de ce qu’est la mort, de ce qu’il y a, ou pas, après la mort. Pour certains juifs, plus on est enterré près du Temple de Salomon à Jérusalem, plus vite, lors de la venue du Messie, la personne ressuscitera. C’est un choix spirituel, religieux, pas politique ou nationaliste et la Laïcité impose à ce polémiste de respecter ce choix. De même, si une personne dont un des grands-parents par exemple est sénégalais, souhaite être enterrée auprès de son aïeul, c’est son choix intime, familial, personnel. De même, si une personne adore le coucher de soleil à Capri et souhaite y être pour l’éternité. L’État n’a strictement rien à dire ou à interdire en la matière.

En ouvrant ce débat de cette façon, ce polémiste se trompe lourdement. Plutôt que de choisir la mort de quelqu’un pour définir sa nationalité, il devrait s’attacher à sa vie. On ne choisit pas a posteriori sa nationalité mais a priori. Il avait le choix entre la Vie et la Mort, et il a choisi la Mort, dommage pour lui !

 

Patrick Pilcer

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers
Patrick Pilcer, Président de Pilcer & Associés, conseil et expert sur les marchés financiers

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