A Fontainebleau, la chambre de l’Impératrice fait partie des pièces incontournables du château. Depuis Marie de Médicis, épouse d’Henri IV jusqu’à l’impératrice Eugénie, toutes les souveraines de France occupèrent cette chambre ! Le décor actuel est un mélange de style puisqu’il a été remanié au fil des siècles selon les desiderata de ses propriétaires.
Le plafond de bois doré date d’Anne d’Autrice alors que l’alcôve et les lambris sont une idée de Marie Leczinska tandis que les portes de style arabesque ont été réalisées tout spécialement pour Marie-Antoinette. Quant au mobilier, c’est celui que connut l’impératrice Joséphine. Elle accepta même de coucher dans le lit qui fut exécuté pour Marie-Antoinette, car celle-ci n’eut pas le temps de l’utiliser. Couic ! Elle fut guillotinée avant d’avoir pu en profiter. Le baldaquin est surmonté d’un angelot posant son doigt sur ses lèvres pour ne pas déranger la dormeuse et les embrasses des rideaux sont ornées du chiffre de l’Impératrice.
La balustrade d’époque Empire est une survivance de l’étiquette de l’Ancien Régime. Elle servait en effet à délimiter l’espace privé de la souveraine du « public ». La somptueuse soierie des murs et du mobilier avait été achetée en 1790 lors de la faillite du négociant Gaudin et complétée par la Veuve Baudouin pour la partie broderie. Les soieries attestent du goût de l’époque pour les sujets naturalistes : oiseaux et fleurs se mêlent à des instruments de musique et à des arbres fruitiers. Elles ont été retissées à Lyon, de 1968 à 1986, d’après les modèles originaux du XVIIIème siècle, utilisés sous Napoléon Ier. Peu d’ateliers sont aujourd’hui capables de réaliser de telles merveilles. Espérons que la tradition se perpétuera pour permettre a minima de réparer et remettre en état ces tissus, témoignages de notre Histoire.
Deborah Rudetzki