Edito
06H52 - lundi 20 septembre 2021

Jadot – Rousseau : les Verts nous refont le coup du duel Nicolas Hulot – Eva Joly. L’édito de Michel Taube

 

Nous voilà revenus dix ans en arrière. Les Verts nous refont le coup du duel suicidaire Nicolas Hulot – Eva Joly ! En 2011, vingt-deux mille votants écologistes avaient choisi la dame de fer Eva Joly contre le moderne et médiatique Hulot. Résultat des courses : les Verts firent 2,31 % à l’élection présidentielle en 2012.

Dix ans après donc, c’est six fois pire : cette année, 122.000 votants ont mis en large minorité le seul candidat sérieux, capable de tenter d’emmener les Français dans une révolution écologiste pas trop culpabilisatrice. Les sondages, qui se sont pour la énième fois trompés, annonçaient en effet un raz de marée en faveur de Yannick Jadot, le principal candidat à la fois « républicain » et, semble-t-il, le plus pragmatique des verts. Il n’en a rien été. Certes, celui qui permit à l’écologie politique d’obtenir un score très honorable aux dernières élections européennes arrive en tête avec 27,70 % des suffrages, mais les jeux sont loin d’être faits. Seulement un quart des votants ont donc le sens des réalités.

Sandrine Rousseau, arrivée seconde avec 25,14% des voix, devrait bénéficier du report de celles du maire de Grenoble Eric Piolle, en quatrième position, avec 22,29 %. Ce duo incarne l’écologie radicale, que nous aimons qualifier de pastèque (vert dehors, rouge dedans), proche des idées gauchistes, voire islamogauchistes de Jean-Luc Mélenchon et des prétendus insoumis.

Sandrine Rousseau portera donc au second tour le flambeau d’une écologie punitive, fondée sur la décroissance par la contrainte, marquée d’un pseudo féminisme agressif et vengeur, de nature à opposer dogmatiquement femmes et hommes, et matinée d’une complaisance coupable à l’égard de l’islam politique, prônant le multiculturalisme à outrance et l’immigration massive.

La porte-parole de Sandrine Rousseau n’est autre qu’Alice Coffin dont la haine des hommes n’a d’égal que la radicalité anti-système. Avec elle, l’écologie castratrice au pouvoir !

Restent la députée Delphine Batho, arrivée troisième avec 22,32 % des votes et Jean Marc Governatori, seul candidat écolo-centriste dont les 2,35 % des suffrages devraient se reporter principalement sur Yannick Jadot. Mais quid du petit quart du gâteau de Batho ? Moins rouge que le couple susmentionné, la députée prône néanmoins la décroissance, une folie qui conduirait la France au désastre pour un résultat environnemental marginal.

Un fois de plus l’écologie française manque son rendez-vous avec l’histoire. Car il est urgent de construire une économie vertueuse, en grande partie fondée sur le développement durable et le recyclage, mais certainement pas sur une décroissance, source mathématique de chômage et d’appauvrissement dans un environnement mondialisé.

Si le report des voix de Delphine Batho se fait majoritairement sur Sandrine Rousseau, la vice-présidente de l’Université de Lille, adepte de la culture Woke, pourrait l’emporter au second tour, montrant que les Verts français sont presque aussi bêtes que la droite républicaine (presque, car cette dernière ne sait toujours pas qui la représentera à la présidentielle).

Au final, le choix du second tour de la primaire sera plus sociétal et politique qu’écologique. Car par conviction ou par nécessité, nous finirons tous par être écologistes. Emmanuel Macron ne semble toutefois pas en être pleinement conscient, ses actes n’étant jamais en phase avec son discours.

Tous les partis politiques et tous les Français, voire tous les terriens, devront relever dans les prochaines décennies le plus immense des défis : sauver, non pas la planète, mais la vie “normale” sur terre, voire la vie tout court. Face à un tel enjeu, l’écologie politique pourrait disparaître, quitte à passer subrepticement par la case pouvoir, car toute politique sera devenue écologiste par nécessité.

Pour l’heure, les 122.000 participants à la primaire ouverte et numérique d’EELV et ses alliés, dont on ne sait lesquels sont vraiment écologistes, devront choisir entre le modèle Jadot, certes de gauche, mais fondamentalement républicain et laïc, et celui de Rousseau, prêts à sacrifier la laïcité par clientélisme ou idéologie, comme le fait régulièrement le maire de Grenoble ou sa consœur strasbourgeoise, absence des débats de la primaire.

Sandrine Rousseau sera-t-elle l’Eva Joly de 2022 ?

Verdict mardi 28 septembre prochain.

 

Michel Taube

Directeur de la publication