À Lyon pendant quatre jours s’est tenu le Street Food Festival. Plus qu’un énième festival culinaire, cet événement désormais incontournable au pays de la gastronomie, prône un art de vivre auquel on ne peut qu’adhérer. Partage, convivialité, mixité en sont les maîtres mots. Des animations multiples étaient rassemblées dans les anciennes usines Fagor Brandt où se tient également le Biennale d’art contemporain (dont nous vous reparlerons). De style industriel (forcément), l’endroit s’étend sur 15 000 m2 et permet d’accueillir à l’aise les 17 espaces intérieurs et extérieurs qui constituent ce festival à l’ambiance survoltée qui veut « casser les codes de la cuisine à Lyon » d’après les fondateurs, Thomas Zimmerman et Éméric Richard.
Voyez un peu. Les chefs étoilés (Anne-Sophie Pic, Mathieu Viannay, Joseph Viola, Vivien Durand, Jean-Michel Carrette, Maxime Laurenson, Romain Hubert…) sont côte à côte avec de jeunes talents (le Marseillais Paul Langlère, le Bruxellois Fernand Obb, l’Italien Massimiliano Monaco) et de petites enseignes des quatre coins de l’Hexagone (Tartelette, l’Impro gourmande, la Baraque à sucre, la Rivière Kwai). De quoi régaler les yeux et les papilles pour tous les goûts ! Sans parler du corner street food Asia et surtout la halle dédiée à aux cuisines africaines.
Aujourd’hui, la société Nomad Kitchens que les deux amis ont créée, imagine pas moins de 250 événements annuels : food courts éphémères, concession au stade de foot, événements d’entreprise, mais avec toujours le même principe : offrir des services traiteur complètement décalés et sur-mesure. Tellement sur-mesure que même la menuiserie est élaborée en interne avec un atelier à portée de main pour s’adapter aux demandes minute. Mais le point d’orgue reste ce Lyon Street Food Festival qui se déroule depuis 5 ans et dans lequel Éméric et Thomas ont eu l’ambition de mêler leurs deux passions : la cuisine et la musique. Avec un fil conducteur qui demeure assurément le « vivre ensemble », la convivialité, l’authenticité et l’égalité. Ici, pas de passe-droit, pas de « village des chefs », pas d’entre-soi, mais des tarifs accessibles à tous les acteurs du monde culinaire (ils payent 70 € le montage de leur stand et donnent 15 % de leur chiffre d’affaires). « Il est important que les chefs puissent se faire connaître, mais qu’ils gagnent aussi de l’argent sur notre festival », souligne Thomas, qui sait de quoi il parle, en tant que fils de restaurateur.
Quant aux 35 000 visiteurs, ils sont forcément enchantés. L’entrée à 9 € donne accès à tous les concerts (dont celui des Naive New Beaters), aux cours de hip-hop, à la roller disco party, à l’initiation au graff et aux animations pour les enfants, mais également aux ateliers participatifs (plus de 200 durant le week-end) dispensés par des chefs au top tel le doublement étoilé Sébastien Vauxion pour n’en citer qu’un.
Ne reste que la nourriture et les boissons à payer avec un maximum de 5 € par plat. Pour ce prix, vous pouvez déguster de la « street food » absolument fantastique. La Focaccia pressée à l’encre de seiche, poulpe, ketchup basque, labneh, salade d’herbes du Bistrot du Potager par exemple ou les pâtes au parmesan et truffe noire de Denny Imbroisi ou encore le baba au vin jaune des frères Dorner. Et pendant qu’on fait la queue, on claque des doigts et on tape du pied au son de la musique rock.
Alors, on vous le dit tout net : nous serons à la prochaine édition qui se tiendra — si tout va bien — en juin 2022.
Deborah Rudetzki