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19H27 - dimanche 3 octobre 2021

Bernard Tapie, un combattant de la vie

 

S’il ne fallait retenir qu’un mot pour qualifier Bernard TAPIE, pour tous ceux qui l’ont côtoyé, ce serait « Highlander ». « Immortel » tant il suffisait de lui dire qu’un obstacle était infranchissable pour qu’il se précipite pour le passer ! Tant rien ne lui paraissait impossible.

Pour lui, tout était possible ; il suffisait de le vouloir, d’oser pour gagner !

Pour l’avoir remplacé au Parlement européen, accompagné chez les Radicaux de Gauche, piégé pour « Surprise Sur Prises », je puis témoigner que cet homme était exceptionnel.

Exigeant, travailleur, instinctif, généreux, hâbleur, séducteur, il comprenait les choses de la vie avec une facilité déconcertante, il sentait l’air du temps plus vite qu’une météo. Il avait toujours un temps d’avance.

Il n’appartenait pas au « système ». Autodidacte, il ne s’était pas entouré, dans ses affaires, d’énarques ou de polytechniciens.

Même quand il entra en politique, en 1990, député puis ministre, il ne fit jamais parti du sérail. Et quand, il conduisit la liste « Energie Radical » aux élections européennes de 1994, cela provoqua un tsunami politique.

Peu de gens se souviennent qu’à une semaine de l’élection, il devançait Michel Rocard avec 17% dans les sondages provoquant aussitôt un déluge d’attaques, de critiques, de désinformation de la part de la droite comme de la gauche… N’était-il pas le nouveau » Berlusconi » qui allait « chambouler » la politique française. Il fera plus de 12% et les Radicaux crurent que c’était la fin de l’histoire alors que cela aurait pu être le début d’une aventure passionnante pour recomposer la politique nationale.

S’il savait que son intrusion en politique lui avait value nombre de ses problèmes, il n’en avait pas gardé d’amertume.

Pour lui, le football (une coupe d’Europe), le vélo (deux tours de France), le bateau (record de la traversée de l’Atlantique), la politique, le cinéma, la télévision, le théâtre était autant d’expériences qui témoignaient de sa passion de la vie. Mais aussi du fait que chaque personne était, dans la vie, en capacité de réussir des choses extraordinaires pour peu qu’elle en ait l’ambition, la volonté. Les Français, nombreux, l’aimaient pour ça, pour cet exemple et le rêve qu’il leur offrait.

Pour mieux comprendre le personnage, il suffit de regarder l’émission de « Surprises Sur Prises » d’octobre 1994 où, piégé par un comédien de 13 ans, il débat avec lui, de foot, de psychologie, de politique. Un moment d’anthologie.

J’en ai vécu un autre, en février 1994, au cours d’un déjeuner, au CERN, à Genève, avec le Prix Nobel de Physique, Georges Charpak, ce dernier parlant du « Bing Bang » créant l’univers et Tapie lui répondant avec le Bing Bang de l’OM et celui qu’il allait provoquer en politique…

La maladie, dont il accusait ses ennuis judiciaires d’en être la cause, a fini par le vaincre. Elle ne lui a même pas concédé ce délai qu’il souhaitait pour être présent au jugement de son procès le 6 octobre prochain.

Il a résisté durant quatre années à son cancer nous offrant ainsi une nouvelle leçon de vie.

Si une phrase devait résumer la vie de cet homme « hors normes », c’est celle qu’il écrivit, sur le cahier des invités de « l’Heure de Vérité » de François Henri de Virieu, en juin 1990, extraite d’une pièce de théâtre de Paul Claudel « aussi loin qu’on peut aller, j’irai ; aussi loin qu’on ne peut aller, j’irai aussi » !

 

Michel Scarbonchi

Ancien député européen, consultant, chroniqueur Opinion Internationale

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