L’homme était adulé ou détesté. C’est surtout un champion de l’esprit d’entreprendre et plus particulièrement d’entreprise, mieux (ou pire pour les uns) un self-made-man à qui la vie a réussi qui s’en est allé, terrassé par la maladie qu’il avait su dompter un temps. Pour Tapie, l’argent n’était pas sale et la réussite encore moins.
Bien entendu l’homme était excessif. Il a fait fortune sur la ruine d’autres entrepreneurs et la condition précaire de bon nombre de ses salariés. Mais l’homme était bon avant tout : ennemi juré de Jean-Marie Le Pen, héros providentiel pour l’Olympique de Marseille et le football français.
Bernard Tapie est la caricature des affres de la France : un chef d’entreprise qui entre en politique doit payer le prix de sa transgression. Un Donald Trump est-il seulement possible en France ? Un homme qui s’est fait tout seul, cela n’a jamais plu aux aristocrates de la haute société économique française.
Le jour où Bernard Tapie est entré en politique, et malgré la protection de François Mitterrand, il est mort une première fois ! A vouloir être un homme complet, à toucher à tous les pouvoirs de la vie, cela, l’aristocratie politique de la Vème République ne pouvait l’accepter.
Petite digression de circonstance : Eric Zemmour devrait y réfléchir… Comme pour Bernard Tapie, le ciel risque fort de lui tomber sur la tête s’il entre en politique. Mais le courage, l’audace, le destin l’emportent toujours sur les conseils de prudence pour ceux qui sont faits de ce bois-là.
Tapie, c’était la puissance de vivre, le conatus spinozien dans toute sa splendeur !
L’homme était amoureux de voile et de bateaux : alors, bon vent capitaine !
Michel Taube