Le triclinium… Mais qu’est-ce donc ? Une nouvelle variante du tricycle promue par Anne Hidalgo pour remplacer les voitures dans Paris ? Non ! Nous sommes dans la Saga du lit, mais pas si loin de Lutèce.
Le triclinium n’est pas un lit, mais la salle à manger où les Romains et les leurs invités prenaient leurs repas en position allongée, autour d’une table généralement ronde et parfois carrée où étaient disposés les plats. Nous, Gaulois savons de quoi il s’agit, tout comme d’ailleurs de nombreux autres terriens, grâce au succès planétaire d’Astérix, dont un nouvel opus vient de paraître. Si Astérix, Obélix et ces autres Gaulois qui résistent encore et toujours à l’envahisseur romain préfèrent ripailler assis autour d’un banquet, ledit envahisseur, du moins son élite, préfèrerait se remplir la panse en position allongée. Le triclinium est donc bien un lieu où trônent des lits, lieu qui n’est pas une chambre à coucher. Ces “lits de table”, comme on dit aussi, sont pour le moins encombrants et bien plus coûteux qu’une chaise moyenne d’aujourd’hui. On n’en trouvera donc pas (pour le moment) au catalogue de la Maison de literie, partenaire de la Saga du lit. Du reste, manger allongé n’est pas nécessairement confortable ni très propice à la bonne digestion. On pourrait néanmoins imaginer une version moderne du lit de table avec laser de découpe des aliments, serviette intégrée et fourchette robotisée pour glisser le délicieux met dans nos délicats gosiers. Le triclinium 2.0 pourrait ainsi trôner devant une piscine ou dans un jardin, si la place en intérieur devait manquer.
Allongeons-nous sur le lit de table de Jules César, le temps d’un repas gargantuesque. Le modèle standard comportait trois lits disposés en fer à cheval autour de la table (il faut bien laisser la place aux serveurs), mais certains triclinium pouvaient accueillir jusqu’à 36 personnes. Les convives étaient appuyés sur leur coude. Ils pouvaient être jusqu’à trois par lit, selon un ordre protocolaire ou social bien établi, ce qui pouvait s’avérer pratique si les festivités dégénéraient en orgie romaine, sachant qu’on buvait autant qu’on mangeait sur ces lits qui n’étaient certes pas spécialement dédiés à la débauche. En réalité, le triclinium n’avait rien d’anarchique. Au contraire, son agencement répondait à des critères précis, en fonction du rang du convive.
Mais s’il faut rendre à César ce qui est à César, le contraire est également vrai. Ici, il s’agit plutôt de lui prendre ou reprendre (le triclinium). Ce sont en effet les Étrusques, habitants de l’Italie pré-romaine, qui semblent avoir été précurseurs en la matière.
Ce week-end, nous devrions tous essayer de réhabiliter le lit de table et nous goinfrer à la romaine, jusqu’à vaciller sur notre coude. Le salon et son canapé pourraient faire office de triclinium. Si l’essai est concluant, Opinion internationale fera passer le message au partenaire de cette saga. Bonne nuit et bon appétit (dans cet ordre ou un ordre différent) !
Raymond Taube