Le 26 octobre prochain, paraîtra aux Éditions Diabase le recueil de poèmes « Le casque d’Ohama Beach » de Bluma Finkelstein, écrivaine francophone israélienne, d’origine roumaine. Comme l’écrit son éditeur : « D’un sujet historique, Bluma Finkelstein élabore un récit intime, et d’un instant avant la catastrophe, elle déroule le précipité des images de la vie de celui qui voit déjà la mort. Par la grâce de la poésie, dans un face-à-face intense entre l’amour et la barbarie, elle questionne le combat de l’homme avec l’ange de la mort, la violence et l’innocence. »
Lauréate pour l’année 2019 du Prix international de Littérature francophone Benjamin Fondane, décerné pour l’ensemble d’une œuvre par l’Institut Culturel Roumain de Paris, sous le patronage de l’Organisation internationale de la Francophonie, Bluma Finkelstein n’a reçu son Prix que le 7 mai dernier – virtuellement, à cause de la pandémie.
On l’accorde chaque année à un écrivain d’expression française, poète de préférence, sans nationalité française et dont l’activité culturelle et civique doit aussi promouvoir la langue française et les idées humanistes. Magda Carneci, Présidente du Prix Fondane, a créé ce Prix en 2006 en mémoire du poète et philosophe existentialiste français d’origine roumaine, Benjamin Fondane, déporté de Drancy à Auschwitz en 1944.
Bluma Finkelstein lui a dédié son livre de bibliophilie « Devoir de vérité », paru aux Éditions Transignum, en 2021. Dans son nouveau recueil, elle évoque la déportation de sa mère, en route vers les trains de la mort en 1942, dans le poème « Ils marchaient sans chanter ».
Professeur Emérite de l’Université de Haïfa en Israël, elle y a enseigné le français et la littérature française et comparée et est également spécialiste du dialogue judéo-chrétien. Seul écrivain israélien francophone, jusqu’à ce jour, à avoir reçu en 2002 le Prix du Président de l’Etat d’Israël pour son écriture en langue française, elle a aussi été nommée en 2007 Chevalier de l’Ordre National du Mérite par le Président Jacques Chirac, pour ses activités en faveur de la diffusion de la langue et la culture françaises.
Ironie de l’Histoire ? Israël ne fait toujours pas partie de l’Organisation Internationale de la Francophonie. Il suffit qu’un seul pays oppose son veto – cela a été le cas du Liban, qui a donné autrefois « son avis », sans qu’on le lui demande ni qu’il y ait candidature d’Israël, banni d’office. Heureusement, un Président français, un Président israélien et le jury du Prix Fondane ont jugé bon d’accorder ces prix et distinctions à une écrivaine francophone israélienne, en fonction de ses qualités littéraires, sans tenir compte des arguments politiques des uns et des autres.
Bluma Finkelstein milite pour une paix juste entre les Palestiniens et les Israéliens. Dans les arts, comme dans le sport, chacun gagnerait à neutraliser ceux qui empêchent artistes et sportifs de se rencontrer, même s’ils sont ennemis. Elle a publié plus de 40 livres (recueils, prose et essais) en France et est une voix majeure de la littérature israélienne francophone contemporaine.
Deborah Rudetzki