Directeur artistique du Théâtre des Ateliers d’Aix-en-Provence, Alain Simon est comédien, metteur en scène, auteur et pédagogue. Il interprète et met en scène des adaptations d’œuvres philosophiques ou littéraires et des auteurs contemporains, ainsi que ses propres textes, notamment Le Lit qui connu un joli succès lors de sa sortie en 2008. L’histoire est celle d’un homme qui couche littéralement et sur le papier ses aventures, mais aussi sa substance. Après l’amour, tandis que ses compagnes de passage sont dans la salle de bain, il photographie le lit aux draps entortillés, symboles d’une existence défaite. L’homme fait du lit le cœur de ses sensations où les mots glissent dans les plis froissés de l’intime. Il souligne ainsi le lit en tant que lieu de vie : on y dort, on y fait l’amour, on y est malade, on y meurt et l’on y naissait. Protégeant la part sombre de chacun et l’inconscience de la vie, les moments entre rêves et sommeil rendent floues les lignes de la réalité. Aussi, ce personnage masculin étrange livre de façon impudique et confuse sa vie, comme un réveil difficile. Dans un monde où les frontières et les valeurs se perdent, l’anti-héros fait du lit son refuge qui lui permet de questionner ses choix.
L’auteur a adapté son roman qui fut joué au Théâtre de l’Atelier en 2011. « J’ai souhaité explorer librement sur scène, en le confrontant à de nouveaux modes de relations avec les spectateurs, actions scéniques, atmosphères, images subliminales, explique Alain Simon. Une ambiance sombre, mais non tragique, propre à favoriser le développement de l’imaginaire ». Le lit devient le centre de toutes les attentions et prend vie. « Déplacer un matelas d’une pièce à l’autre lui donnait un sentiment d’impuissance. Le poids de cet objet mou, l’absence de prise en faisaient un défi à sa puissance physique et à son adresse. La seule issue était d’avoir un corps à corps avec le matelas, en se prenant les jambes dedans, en titubant et perdant l’équilibre. C’était un combat inégal avec une bête sans squelette ni membres. Aucune prise n’était efficace. »
Un lit qui prend vie et défend son existence même. Un beau sujet de philo.
Deborah Rudetzki