À Medan, la Maison d’Émile Zola jouxte le Musée Alfred Dreyfus. Zola et Dreyfus, liés de leur vivant par une lutte sans concession pour la vérité et la justice, sont désormais célébrés, ensemble, dans ce lieu symbolique du croisement de leurs destins et des valeurs pour lesquelles ils se sont tant battus.
Après la mort d’Émile Zola, en 1905, sa femme, Alexandrine, fait donation de la propriété à l’Assistance publique qui y construit un lieu d’accueil pour les enfants en convalescence. À côté de la maison, le lazaret abrite désormais le Musée Dreyfus, selon les vœux de Pierre Bergé, initiateur et mécène du projet.
Mais déjà, chaque année, depuis plus d’un siècle, dans cette propriété de Medan, on rend hommage à l’auteur de « J’accuse… ! ». « Le projet d’en faire un lieu de mémoire et d’y établir un musée semblait donc naturel. Il était aussi impérieux de contrer le travail de sape du temps et de l’oubli », explique Louis Gautier, Président de l’Association Maison Zola Musée Dreyfus
L’affaire Dreyfus reste plantée comme le feu fanal d’une balise dans notre souvenir de société. C’est un repère imprescriptible pour notre République, une leçon pour toute démocratie. Mais Alfred Dreyfus, l’homme, celui qui ne plie ni devant ses juges ni devant l’injure, l’officier courageux et intègre, le citoyen trahi et calomnié qui, en résistant aux machinations, sauva les Français du déshonneur, lui n’avait droit à aucun mémorial pour honorer son combat.
C’est chose faite, par ce projet qui à la fois sauvegarde un lieu emblématique d’une pensée engagée dans son siècle, celle de Zola, et consacre à Dreyfus un musée qui est porteur des principes de tolérance, de dignité et de respect attaché à ce nom.
Il faut qu’après la visite à Medan, à la question posée par Zola à la jeunesse « Où allez-vous jeunes gens ? » la réponse soit la même martèle Louis Gautier : « A l’humanité, à la vérité, à la justice. » Créé en 1998, le musée a mis plus de vingt ans à ouvrir ses portes au public, impulsé, notamment par Eli Wiesel qui s’est ému que cent ans après l’Affaire, aucun musée ne lui était dédié.
À travers l’exposition, l’idée est de nous plonger dans l’atmosphère de l’époque au moyen de bruits des rues parisiennes de la fin des années 1800 et des chants. Le musée nous faire revivre l’affaire Dreyfus en mettant l’accent sur des documents historiques (dont l’enregistrement de la voix du Capitaine Dreyfus), des coupures de presse rarement vues, mais aussi des photographiées, brochures, affiches, tracts, projections lumineuses pour comprendre la stratégie des pros et des antis Dreyfus qui a enflammé la France du XIXème siècle.
Sans oublier que toutes les questions posées lors de ces heures sombres demeurent actuelles et permettent de s’interroger sur les droits des femmes et des hommes, la place de la justice, de la lutte contre l’antisémitisme et contre toute forme de racisme. Elle remet en lumière les valeurs de tolérance, de laïcité, garante de la liberté de conscience et plus largement des fondements de la République telle que nous les soutenons activement à Opinion Internationale.
Cette affaire continue d’ailleurs de réfléchir sur la raison d’État, le rôle des pouvoirs publics et celui de la presse.
Le Musée Dreyfus montre que la justice mérite qu’on se mobilise pour elle et comment, au pays des droits de l’Homme, la citoyenne et le citoyen peuvent faire entendre leur voix quand elle est bafouée. Enfin, il dit que la connaissance et l’ouverture au monde sont les conditions de notre liberté.
Ce musée vise aussi bien un public de spécialistes ou d’amateurs éclairés que de curieux et de scolaires grâce à une dimension pédagogique. En plus de documents inédits, le Musée Dreyfus donne carte blanche à un artiste afin d’exprimer sa vision de l’Affaire. Bob Wilson, plasticien et metteur en scène, est le premier invité à réaliser une œuvre qui sera visible dès l’inauguration.
Gardez l’œil ! Le 29 octobre de 15h à 19h, lendemain de l’ouverture du Musée Dreyfus, des crieurs de rue en tenue d’époque annonceront la nouvelle sur le parvis de la Gare Saint-Lazare. Que serait cette reconstitution sans le célèbre « J’Accuse… ! » d’Émile Zola ? En effet, les passants se verront distribuer une reproduction du magazine L’Aurore mêlant le véritable texte du « J’Accuse… ! » à des informations pratiques à propos du musée et présentant les enjeux d’un tel projet qui permet de se souvenir pour éviter que les erreurs du passé ne se répètent…
Infos pratiques
Maison Zola/Musée Dreyfus
26 rue Pasteur, 78670 Medan
www.maisonzola-museedreyfus.com
Du mercredi au dimanche de 10h à 17h30. Pour un meilleur accompagnement, les visites se font exclusivement sur réservation via le site internet.
Deborah Rudetzki