Edito
13H36 - mardi 2 novembre 2021

COP 26 et rapports du GIEC : vers une autre urgence climatique. L’édito de Michel Taube

 

La Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, dite COP 26, s’est ouverte à Glasgow pour deux semaines. Les dirigeants de la planète rivalisent de verditude, tout en promettant la neutralité carbone à 2060 ou 2070. Qui y croit vraiment quand le Sommet de Glasgow discute encore des conditions juridiques d’application de l’Accord de Paris de 2015 ?

 

Penchons-nous sur les derniers rapports du GIEC (IPCC en anglais) pour espérer en tirer un début de réponse. Or les rapports du GIEC sont parfois déroutants. On y lit notamment dans le résumé en français destiné aux décideurs du rapport « Réchauffement planétaire de 1,5 ° :

« Selon les estimations, les activités humaines ont provoqué un réchauffement planétaire d’environ 1° au-dessus des niveaux préindustriels, avec une fourchette probable allant de 0,8 °C à 1,2 °C. Il est probable que le réchauffement planétaire atteindra 1,5 °C entre 2030 et 2052 s’il continue d’augmenter au rythme actuel (page 6) ».

Ainsi, le GIEC confirme que l’activité humaine est responsable d’une hausse des températures de l’ordre de 1° depuis l’ère préindustrielle. Mais quand on plonge dans le détail des chiffres, au risque de s’y perdre, on peut être gagné par le doute. Le GIEC serait-il devenu, non pas climato-sceptique, mais moins catégorique sur la part de l’activité humaine dans ce phénomène désormais impossible à nier ?

Le physicien, essayiste et Professeur émérite de l’Université de Tours François Gervais, classé parmi les climato-sceptiques, pointe la page 39 du rapport du GIEC/IPCC « Climate Change 2021 – The Physical Science Basis », dans sa version résumée destinée aux décideurs : 1000 milliards de tonnes de C02 réchaufferaient la terre de 0,45 ° (selon lui, ce serait la moitié). Les humains auraient émis 36 milliards de tonnes de CO2 en 2019, dont 44 %, soit 16 milliards, restent dans l’atmosphère. 16 x 1000 x 0.45, cela donnerait en 2019 un réchauffement de 7 millièmes de degré, selon François Gervais.

Revenons-en au premier rapport du GIEC mentionné au début de cet article, celui consacré à l’objectif de 1,5 ° de réchauffement. On y lit en page 7 :

« Le réchauffement dû aux émissions anthropiques mondiales qui ont eu lieu depuis l’époque préindustrielle jusqu’à présent persistera pendant des siècles à des millénaires et continuera de causer d’autres changements à long terme dans le système climatique tel que l’élévation du niveau de la mer, avec des impacts associés à ces modifications, mais il est improbable que ces émissions soient à elles seules en mesure de provoquer un réchauffement planétaire de 1,5 °C ».

Ainsi, l’inertie du changement climatique est si importante que même en arrêtant toute activité génératrice de CO2 sur terre, le climat continuerait à se réchauffer. Les dirigeants politiques de la planète promettent la neutralité carbone dans trois, quatre ou cinq décennies, souvent sans agir pour y parvenir. Le dogmatique abandon du nucléaire par l’Allemagne (que certains de nos écolos-gauchos veulent imiter) conduit au retour en force du charbon. La Chine, l’Inde, la Russie, l’Afrique du Sud ou les États-Unis, malgré les promesses de Joe Biden, sont très loin de réduire leurs émissions de carbone.

Le GIEC est effectivement déroutant, puisqu’après avoir estimé que le réchauffement continuera quoi qu’on fasse, et qu’il est improbable que les émissions de gaz à effet de serre en soit la seule cause, il appelle à agir en toute urgence pour limiter le réchauffement à 1,5° :

« Les trajectoires qui limitent le réchauffement planétaire à 1,5 °C sans dépassement ou avec un dépassement minime exigeraient des transitions rapides et radicales dans les domaines de l’énergie, de l’aménagement des terres, de l’urbanisme, des infrastructures (y compris transports et bâtiments) et des systèmes industriels. Ces transitions systémiques sont sans précédent pour ce qui est de leur ampleur, mais pas nécessairement de leur rythme, et supposent des réductions considérables des émissions dans tous les secteurs, un large éventail d’options en matière d’atténuation et une hausse nette des investissements dans ces options (page 17) ».

Chacun choisira dans les chiffres du GIEC ceux qui légitiment leur position. Mais il semblerait que la part de l’activité humaine dans le réchauffement climatique soit difficile à déterminer. Nous sommes peut-être dans un phénomène naturel que les émissions de CO2 amplifient, mais sans en être les principales responsables. Et quand bien même le seraient-elles qu’il faut se rendre à l’évidence : les objectifs « généreusement » annoncés lors de chaque COP ne seront pas atteints, raison pour laquelle l’écologie contraignante et punitive chérie par les Verts et leurs alliés est une impasse.

Puisque le réchauffement est inéluctable (cause humaine ou non), la première urgence n’est-elle pas de s’y préparer ? Fonte de la banquise et des glaciers, océans vidés de leurs poissons, détresse hydrologique, notamment en Afrique, zones devenant invivables entrainant des mouvements migratoires sans commune mesure avec tout ce que nous avons connu… La liste des périls est longue, mais nos Verts (et Anne Hidalgo avec ses pistes cyclables et sa guerre aux voitures) refusent d’y croire. Ils veulent écoper l’océan avec une cuillère alors qu’il faut préparer les abris, sans renoncer à la transition énergétique et écologique à l’attention des prochaines générations.

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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