Edito
06H59 - jeudi 4 novembre 2021

Quand le Conseil de l’Europe trahit la liberté des femmes, la culture européenne et sa propre identité ! L’édito de Michel Taube

 

Comment une affiche peut ruiner des décennies d’héritage…

Lorsque le Conseil de l’Europe, dont le socle juridique et politique est la Convention européenne des droits de l’Homme et de sauvegarde des Libertés, fait aussi ostensiblement la promotion du voile islamique, jusqu’à le considérer comme LE symbole de la liberté, il encourage les femmes musulmanes à la soumission. Il fait aussi le jeu d’un Eric Zemmour malgré ses outrances. Il nourrit l’idée d’un grand remplacement culturel actuellement à l’œuvre qui inquiète particulièrement les Français.

Soumission à un dogme religieux importé, cette affiche est en phase avec trois lames de fond qui minent le modèle franco-européen du vivre-ensemble : l’idéologie Woke venue des États-Unis, avec l’indigénisme post-colonial qui sévit en France, et qui s’évertue à effacer la très ancienne Histoire de France et celle de l’Europe, enfin le djihad mené par des organisations islamistes venues du Moyen-Orient et de Turquie. D’ailleurs, selon l’hebdomadaire Marianne, ce sont deux organisations proches des Frères musulmans qui ont organisé cette campagne financée par le Conseil de l’Europe.

Cette campagne va non seulement encourager des milliers de femmes à porter le hijab mais elle délivre un message aussi insidieux que redoutable : seule importerait l’Europe d’aujourd’hui et plus encore celle de demain, dans laquelle l’obscurantisme islamique serait une option idéologique, intellectuelle et sociétale parmi d’autres. Cette perversion nauséabonde du concept de liberté se voit dans bien d’autres domaines, comme la confusion entre sexe et genre que nous avons évoquée dans nos articles sur le wokisme.

Rappelons que le voile, par sa visibilité, est un marqueur identitaire fondamental pour la confrérie des Frères musulmans, matrice idéologique de l’islam politique, raciste, antisémite et conquérant, qui tisse sa toile dans nos banlieues… et dans nos institutions privées et publiques, en l’espèce celle du Conseil de l’Europe.

Cette campagne est aussi une gifle portée à toutes les femmes du monde arabo-musulman qui refusent de porter le voile : rappelons (toute occasion est bonne de le faire) qu’avant que les Frères musulmans et d’autres écoles radicales (wahhabites, salafistes…) ne resserrent leur étau sur le monde arabo-musulman, notamment à partir de la Révolution iranienne de 1979, les femmes y avaient largement abandonné le voile. Aujourd’hui aussi, les jeunes femmes d’Alger, de Téhéran, du Caire ou d’Istanbul aspirent à nouveau à se défaire du voile, rendant l’affiche de promotion de leur emprisonnement idéologique d’autant plus scandaleuse et indigne.

Istanbul, disions-nous. C’est plutôt du côté d’Ankara, capitale politique de la Turquie de Recep Tayyip Erdoğan, membre du Conseil de l’Europe, qu’il faut rechercher une partie de l’explication à cette faute politique majeure, qui est une aubaine pour Éric Zemmour et Marine Le Pen. Erdoğan est membre de la confrérie des Frères musulmans. Il œuvre à instaurer un nouveau califat qui ne s’arrêterait pas au Bosphore ni aux frontières de la Turquie. Le président turc est l’ennemi de la liberté, de la démocratie, de la sécularisation et de la laïcité. Il a exprimé à plusieurs reprises son aversion pour la France. Il a dû pavoiser en découvrant l’affiche du Conseil de l’Europe.

La Turquie n’a plus sa place au Conseil de l’Europe. Certes, d’autres pays, en particulier la Russie, ne sont pas des modèles de démocratie et de pluralisme. Mais ils partagent, et leurs populations partagent, un socle de valeurs parmi lesquelles figure la sécularisation, qui en France s’est traduite par la laïcité.

La France et l’Europe s’honorent de défendre leurs minorités. Elles se désagrègent en s’y soumettant et prennent le risque de détruire la civilisation européenne, qui est historiquement judéo-chrétienne, mais depuis l’époque contemporaine démocratique, féministe et sécularisée. Dans le combat entre l’obscurantisme et les Lumières, celles issues de la Révolution française et dont nous devons être aussi fier que les religieux le sont de leurs textes sacrés, l’obscurantisme vient de marquer un essai qui pour l’instant n’a pas été transformé grâce à la perspicacité certes tardive de la France. Mais la soumission fait son chemin et cette noble institution européenne y a cette fois sciemment et directement contribué. L’islam politique étant au XXième siècle ce que le stalinisme et le nazisme furent au XXème siècle, les « collabos » d’aujourd’hui sont ceux qui lui déroulent si abjectement le tapis rouge.

Ajoutons enfin que le Conseil de l’Europe trahit sa propre identité en finançant une telle campagne. Contentons-nous de rappeler qu’à plusieurs reprises la Cour européenne des droits de l’homme, bien plus vigilante à défendre les valeurs européennes, a autorisé l’interdiction du voile au nom du vivre ensemble européen. Notamment dans une célèbre décision de justice en Turquie avant la prise du pouvoir par Erdogan.

Non, décidément, le hijab n’incarne pas la culture européenne !

 

Michel Taube