Confession ou confidence, dit-on aussi. De quoi parle-t-on ? Ça, seul le confident est censé le savoir. Pourquoi parle-t-on sur l’oreiller ? Selon le Wiktionnaire ou le Dictionnaire des francophones, ces petites faiblesses sont des « informations obtenues par la confiance issue de l’accouplement ». Voici une définition pour le moins triviale et pas vraiment glamour. L’espionne soviétique qui attirait dans ses draps de soie l’agent 007 au plus fort de la guerre froide devrait pourtant s’y reconnaître. James Bond n’est jamais tombé dans le panneau. Mais aurait-il résisté à Mata Hari, qui elle, eut le mérite d’exister, même si la vie de la célèbre espionne de la 1ère Guerre mondiale, fusillée pour intelligence avec l’ennemi teuton en 1917, a nourri bien des fantasmes ? En matière de confessions (arrachées) sur l’oreiller, Mata Hari (Margaretha Geertruida Zelle de son vrai nom) est une référence incontournable. Nous y consacrerons un article demain.
La confession sur l’oreiller ne serait ainsi pas spontanée, mais suscitée par des manœuvres. En droit français, on appellerait cela un vice du consentement, et plus précisément un dol, décrit au 1er alinéa de l’article 1137 du Code civil comme « le fait pour un contractant d’obtenir le consentement de l’autre par des manœuvres ou des mensonges ». À l’ère de #MeToo et autre #balancetonporc, et des néo féministes qui veulent instaurer une présomption de culpabilité en matière… d’accouplement (sic), qui ne serait pas consenti, celui-ci tend effectivement à se contractualiser, par la signature d’un acte préalable de consentement, comme on le constate déjà sur les campus américains. Glamour, disions-nous ?
« Confidences sur l’oreiller » est aussi le titre d’un film culte (« Pillow Talk », en VO) réalisé par Michael Gordon à la fin des années 1950, avec Doris Day et Rock Hudson dans les premiers rôles. Le film avait innové et choqué par son érotisme osé à une époque où il fallait encore suggérer plus que montrer. Troisième livraison de notre spéciale « Confidences sur l’oreiller » à paraître lundi.
La thématique a également inspiré des décorateurs proposant des oreillers estampillés « Pillow Talk » ou suggérant de douces confidences dans l’intimité du lit partagé. Nous nous éloignons de la définition péjorative ou malveillante des dictionnaires en ligne. L’idée de la parlote post-coït est alors que dans ce moment extatique, on se relâche, puis on se lâche. Selon plusieurs études, dont l’une publiée par le Personality and Social Psychology Bulletin, l’explication serait biologique : après l’amour, on aurait naturellement tendance à se confier à sa ou son partenaire. L’extase crée la confiance, pour le meilleur ou le pire.
Mata Hari dans le lit de James Bond : ce serait assurément un scénario captivant (bien sûr, uniquement pour les confidences arrachées… ou pas, sur l’oreiller). Parlerait-il ? Toujours est-il que la méthode est ancestrale et universelle. Le sexe dit fort semble parfois très faible dans ces moments choisis par celles qui veulent savoir, tout savoir.
Combien de secrets politiques ont-ils été éventés sur l’oreiller de grands de ce monde ?
Le lit est décidément un objet singulier, un monde à lui tout seul. Il s’y passe tant de choses qui ont parfois bouleversé le cours de l’Histoire. Lesquelles : Chuuuut ! On verra après l’amour (nous dit le dictionnaire).
Michel Taube