C’est un petit cataclysme dans le landernau politique et surtout à gauche. Arnaud Montebourg proposait hier sur LCI de suspendre les transferts d’argent par Western Union des délinquants français et étrangers vivant en France vers les pays africains qui refusent de les récupérer alors qu’ils ont été condamnés en France et son en instance d’expulsion du territoire national Une digue vient de sauter : la gauche (enfin, une infime partie de la gauche) prendrait donc enfin en compte et à bras le corps la question sécuritaire voire migratoire !
Se faisant, Arnaud Montebourg, aux accents patriotiques pour ne pas dire nationalistes de plus en plus assumés, se distingue de ses concurrents de gauche. Loin de la France bobo bienheureuse d’Anne Hidalgo et des rêves vénézuéliens de Mélenchon, l’ancien ministre du redressement économique aurait-il compris les attentes des Français. L’annonce d’Arnaud Montebourg est symboliquement importante, car il est désastreux pour la gauche de voir sa ligne politique confisquée par les progressistes multiculturalistes qui l’ont conduite là où elle trouve actuellement.
Mais l’ancien ministre de François Hollande ne peut ignorer que Western Union n’est pas le seul moyen de transférer de l’argent à l’étranger et qu’il en faudra plus pour faire plier les États, en particulier ceux du Maghreb. Il serait sans doute plus efficace de suspendre du jour au lendemain tous les financements institutionnels gérés par l’AFD, les banques, les organismes publics pour contraindre les dirigeants de ces pays, qui ont l’habitude de détourner à leur faveur une part de ces flux financiers considérables, d’accepter enfin de rapatrier nos étrangers en instance d’expulsion.
Mais la proposition de Montebourg montre surtout combien Eric Zemmour, à bien des égards, a déjà gagné l’élection présidentielle. Car il a réussi à mettre la question sécuritaire au centre du débat public. C’est déjà une victoire totale pour l’intellectuel qu’est avant tout l’écrivain, journaliste et polémiste.
Même à droite, la surenchère de propositions des candidatures à l’investiture de LR en matière de sécurité et d’immigration atteste de la tournure que prend le débat présidentiel. Ce soir, dans leur premier duel télévisé sur LCI, gageons que Valérie Pécresse, Xavier Bertrand, Michel Barnier, Eric Ciotti et Philippe Juvin rivaliseront d’imagination. Leur surenchère propositionnelle doit en faire sourire plus d’un, lorsque l’on sait que depuis trente ans, et malgré de nombreuses lois, la politique migratoire de notre pays n’a guère été contrôlée. Le point commun entre nos dirigeants, de gauche, de droite et du centre (n’oublions pas Emmanuel Macron), c’est qu’ils n’ont jamais réagi que sous la pression d’attentats terroristes, adoptant et accumulant des lois précipitées dont le service après-vente, les moyens et les modalités d’application ont été trop souvent le cadet de leurs soucis. C’est bien pourquoi en septembre seuls 9 étrangers condamnés à être expulsés avaient été reconduits dans leur pays d’origine. Maigre tableau de chasse !
Si la question sécuritaire, identitaire et immigrationnelle reste la première préoccupation des Français jusqu’en avril 2022 (et pourquoi en serait-il autrement puisque chaque jour le wokisme, la haine des policiers, le communautarisme islamique font la une de l’actualité ?), Eric Zemmour, qui a déjà gagné la bataille des idées, peut espérer gagner la bataille politicienne s’il confirmait (d’un jour à l’autre ?) sa candidature.
Michel Taube