[article paru le 25 juin 2021]
Régis Hector, vous êtes un de nos croqueurs vedette de la rubrique Actu’Folies et le co-auteur avec Marc-Antoine Deroubaix de la BD « Deux pitchouns dans l’enfer de Verdun » qui imagine la vie mouvementée de deux jeunes envoyés au front malgré eux lors de la Première Guerre mondiale.
Votre bande dessinée est-elle inspirée de faits réels ?
Non, pas particulièrement. Mais la BD porte une forme d’hommage à tous ces jeunes partis pour la guerre et qui ne sont jamais rentrés chez eux. Chaque commune compte ses morts pour la France et il s’avère que ce sont souvent des jeunes qui sont tombés.
Pourquoi dessiner en noir et blanc ?
Le noir et blanc vise à donner un effet rétro aux illustrations, pour qu’on rapproche du climat de 14-18. Même s’il y avait déjà de la couleur dans les affiches de l’époque, l’objectif était de rester proche du style du journal, c’est pourquoi le papier de la BD paraît par ailleurs un peu chiffonné.
L’histoire, c’est celle de ces « héros malgré eux », n’est-ce pas ?
Complètement, la plupart n’ont rien demandé à personne. La BD est un peu satirique et dénonciatrice de la bêtise de la guerre en illustrant le quotidien difficile des Poilus.
Vous dénoncez surtout l’absurdité et la violence au fond du commandement militaire ?
En effet, l’absurdité récurrente de certains ordres, dont le fameux et discret pantalon rouge qui faisait des hommes qui le portaient des cibles faciles pour l’ennemi. L’objectif n’était pas d’afficher des noms de coupables, mais de pointer du doigt des erreurs et des incohérences dans le système, certaines ayant été reproduites de nouveau pendant la Deuxième Guerre mondiale.
D’où est venue l’idée du Poilu’s Park qui a droit à plusieurs pages dans l’album ? Une invention des auteurs ?
Non, non ! Il a bien existé et c’est le général Cordonnier, commandant le 8ème Corps d’Armée entre 1914 et 1916, connu pour se préoccuper du sort de ses soldats, qui en fut l’initiateur. L’ancien vélodrome de Commercy était en effet un lieu de repos et de divertissement pour les soldats gravement blessés ou atteints psychologiquement. Ce lieu est très peu répertorié dans les archives, d’où notre souhait de le faire connaître un peu. Ce n’est pas un fantasme imaginé, mais bel et bien un endroit réel, conçu pour maintenir le moral des troupes de la Meuse.
Aujourd’hui, quel est le message de cette BD ?
En tant qu’habitant du nord de la Moselle, une des régions les plus meurtries par la Première Guerre mondiale, je mets un point d’honneur au devoir de mémoire. La jeunesse doit être éveillée à l’Histoire, d’autant plus que le temps du premier conflit mondial du XXème siècle s’éloigne, et qu’il ne reste plus aucun témoin vivant.
Est-ce que les jeunes sont réceptifs à ce devoir de mémoire ?
Je pense que oui. Nous allons souvent dans les écoles et le dessin apparaît comme un bon moyen de sensibilisation auprès de la jeunesse. Les questions sont nombreuses, et témoignent d’un intérêt envers notre travail.
Propos recueillis par Michel Taube et Jessica Borges
Merci à Régis Hector ! Pour découvrir son univers : http://hector-bd.com/
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