Le Made in France revient en force. Après l’annulation de son édition 2020, le MIF expo revient avec 800 exposants qui fabriquent en France. Le salon se tient Porte de Versailles jusqu’à ce soir 18 h.
Le patriotisme économique est-il la solution face à la crise ? C’est certainement la question qui a gravité dans l’esprit des entrepreneurs français tout au long de la pandémie. Relocaliser sa production, nombre d’entreprises l’ont ainsi fait ou y songent encore. Mais de manière moins précipitée cette fois. En effet, le point culminant de la circulation virale étant désormais derrière, la question peut être plus posément étudiée. Par les entrepreneurs d’abord, par les politiques ensuite. Parmi eux, des candidats à la présidentielle, qui ont tour à tour soulevé le problème durant leur visite sur le salon du Made in France, rappelant par la même occasion l’enjeu de la fabrication française. Paroles de visiteurs sur le salon du Made in France…
Des jeunes emballés
Jeudi 11 novembre, le candidat Arnaud Montebourg a par exemple décrit l’avenir du Made in France comme un « enjeu essentiel » au salon MIF. Emballés par son propos, Albert Boré, Sébastien Pichon et Maxime Charrière applaudissent. « Le Made In France est le reflet de notre richesse en termes de savoir-faire », affirme le premier.
Les trois amis, respectivement 20, 19 et 18 ans, vont pouvoir voter lors d’une présidentielle pour la première fois de leur vie. Si tant est qu’un(e) politique réussisse à les convaincre : « Je ne sais pas si j’irai voter. Mais dans mon école, on nous introduit beaucoup aux vertus de produire près de chez soi. C’est important pour moi », avance le plus jeune, étudiant en école de design.
Même son de cloche du côté de Sébastien. Pragmatique, le vingtenaire précise toutefois que « Le Made in France n’est pas un enjeu particulier uniquement pour cette présidentielle. Il l’était déjà lors d’anciennes élections ».
« Un enjeu plus financier que réel »
Plus loin, assis contre l’un des murs du Parc des Expositions, un jeune père de famille se montre plus réservé. D’accord pour associer le « fabriqué en France » à un enjeu présidentiel, Sylvain Huyghe tempère toutefois en soulignant que « le capitalisme [actuel] est construit sur des importations provenant de l’étranger, surtout de Chine ». Ainsi, même si des candidats se démarqueront au sujet du Made in France lors de leurs campagnes, l’ingénieur ferroviaire reste réaliste : « Le système démocratique est très court-termiste. Ce qui importe le plus aux candidats, selon moi, c’est la croissance. » De facto, ce concept de « privilégier le local » du côté des candidats correspond plus à un « enjeu financier » qu’à un « enjeu réel » d’après l’homme de 35 ans.
« Un plus » au moment du vote
Il est 15 h. Sur l’un des espaces dédiés à la restauration, les places se font chères. Ce sont dans l’ensemble les plus jeunes qui les occupent, venus en nombre pour l’occasion, dont Yohann Thiroux. Habitué des belles tournures grâce à sa filière, l’étudiant en communication ne mâche pour autant pas ses mots : « En général, je ne fais pas attention à la provenance de ce que j’achète. Mais quand je rentre avec des produits français dans mon sac de courses, je suis content. Car je sais qu’il est important de revitaliser nos entreprises après la crise. Si un candidat privilégie fortement le consommer local, alors ce sera un plus », résume-t-il avant de compléter : « Il y a également d’autres critères auxquels je serai vigilant ».
Jouer à domicile
« Il ne faut pas être crédule », tempère néanmoins un exposant. Dans l’antre même du fabriqué en France, il est logique selon lui que les interrogés aient un point de vue similaire. « On joue à domicile. Vous questionnez un public de convaincus », défend le représentant d’une marque pour bébés qui a requis l’anonymat. En toute vraisemblance, « tout le monde » verra « l’enjeu potentiel du Made in France d’un même œil positif » si on en croit ses propos.
Mais parmi le public de « convaincus » se trouvent aussi des curieux. De leur côté, les avis semblent plus mesurés. Baptiste Dieudonné, tout sourire, expose d’ailleurs une version plus prudente du Made in France et des enjeux qu’il incarne. Selon lui, le fait de fabriquer en France est effectivement « un cheval de bataille pour plusieurs candidats ». Ce qui témoigne de « son enjeu ». Serait-il en revanche exacerbé par les candidats ? C’est ce que se demande ce chef de projet dans le transport en appuyant « qu’il est pour le Made in France tant que cela est réalisé en bonne intelligence ».
Il ajoute : « le Made In France est une manière un peu douce de s’approprier des notions nationalistes. Cela plaît à beaucoup. Plusieurs candidats font logiquement le choix de faire de ce sujet un cheval de bataille pour convaincre, notamment Arnaud Montebourg qui est présent en tant que candidat et exposant. [Il tient deux stands pour ses miels et ses glaces bio, NDLR]. Mais pour moi, la chantilly ne prend pas, car cet enjeu en cache finalement d’autres », conclut-il en suggérant la présence d’enjeux avant tout électoraux.
Noé Kolanek