Mesdames, messieurs les maires, vous êtes les élus préférés des Français, les seuls rescapés dans la crise de confiance entre les citoyens et les institutions. C’est vous que le Président de la République a appelés à la rescousse lors du Grand débat après la crise des gilets jaunes, bien qu’en vous méprisant in fine. « À portée d’engueulade » de vos administrés, selon les mots du président du Sénat Gérard Larcher, vous êtes le visage humain de la République mais aussi, dans les petites communes, le représentant « couteau suisse » de tous les services publics qui se retirent. Vous subissez également la violence qui croît, comme votre martyr, le maire de Signes, tué parce qu’il voulait empêcher une décharge sauvage. Parce que vous êtes les piliers de la société, à toutes vos tâches – et elles sont nombreuses –, la Constitution a ajouté une mission : celle de juger qui est digne de se présenter à l’élection présidentielle. C’est un droit, mais aussi un devoir.
Cette mission, vous l’exerciez ; il fut un temps, librement, dans le secret de votre conscience ; mais des réformes successives, renforcées le président Hollande par une défiance incompréhensible, a voulu que ces « parrainages » soient tous publiés, ouvrant la voie à tous les malentendus, à toutes les pressions.
Tous les malentendus, parce que donner son parrainage ne signifie pas qu’on soutient un candidat, mais simplement qu’on juge sa candidature utile au débat politique. Mais je sais qu’on vous jugera sur votre choix de parrainage, tant votre équipe, que vos administrés.
Toutes les pressions, parce que parrainer un candidat hors système – c’est-à-dire non soutenu par les pouvoirs politiques en place nationalement ou localement – devient une décision difficile à prendre. Je sais que vous êtes de plus en plus contraints par les intercommunalités qui, depuis la loi NOTRE, sont devenues trop vastes et trop autoritaires, et que, trop souvent, vous vous trouvez tiraillés entre les attentes de vos administrés et ce pouvoir surplombant, qui vous échappe.
Vos contraintes, je le sais, ce sont aussi de dépendre de financements venant de la région, du département, de l’intercommunalité pour réaliser vos projets au service de vos administrés – mieux vaut ne pas froisser les susceptibilités, on ne sait jamais.
Dès lors, beaucoup d’entre vous préfèrent ne pas parrainer. Combien m’ont dit dès le premier jour du salon des maires, qui se tient en ce moment à la porte de Versailles, que « par principe » vous choisissez de ne soutenir personne. Bien que j’en comprenne vos motivations, mesdames et messieurs les maires, quelle tragédie pour notre démocratie que ce principe.
Pourtant, vos parrainages sont la clé permettant à la démocratie de ne pas être un vain mot, car ils permettent l’exercice d’un droit essentiel au pluralisme.
Sans eux, seules les grandes formations politiques déjà installées pourront faire concourir leurs candidats, ce qui ne fera qu’accentuer la rupture entre les citoyens et les élus, et assécher la démocratie.
Comment ferons-nous voter nos citoyens qui se détournent de la démocratie et s’abstiennent de plus en plus nombreux, si la première ligne de représentation de cette démocratie refuse de faire son devoir ? Car ne pas parrainer, c’est rabougrir la démocratie, l’étouffer. La conséquence est tragique : prise de contrôle de la démocratie et de nos institutions par les grands partis en place, les grandes fortunes, les institutions financières.
Faute de candidatures extérieures au sérail, faute d’air frais, d’idées neuves qu’elles apportent, le débat politique officiel risque de se vider de son intérêt. L’élection présidentielle était, avec les élections municipales, celle qui intéressait le plus les Français : à juste titre, ils y voyaient un moment décisif pour leur vie de tous les jours. Que se passera-t-il s’ils s’en détournent ? Ce serait très grave : ce serait la fin de la démocratie.
La démocratie c’est la souveraineté populaire, celle qui est garantie par l’article 3 de notre Constitution. Elle s’exprime d’abord par vous, mesdames et messieurs les maires de France. Et la démocratie est synonyme de courage. Vous en avez à revendre, alors ne vous laissez pas contraindre. C’est pourquoi, conscient des difficultés, mais aussi confiant dans le courage discret mais profond qu’il faut pour assumer vos fonctions de maire, j’en appelle à vous pour vous demander de dépasser votre appréhension légitime devant les risques de malentendus et de pressions, et de parrainer les candidatures comme la mienne, qui font avancer le débat public.
Patriote mais opposé au nationalisme qui fait le tri au sein de la population française, attaché au modèle social français et à ses grands services publics comme à l’indépendance de notre pays, je souhaite incarner un retour à la fierté française, avec De Gaulle et Jaurès, sur le modèle du programme du Conseil national de la Résistance en 1944. Je souhaite reprendre le contrôle en limitant les contraintes de plus en plus folles de l’Union européenne, pour redonner à la démocratie le pouvoir d’agir concrètement pour nos concitoyens.
Mesdames, messieurs les maires, c’est avec le respect que je dois aux incarnations locales de la République, de l’action en commun, du service désintéressé aux autres que je vous demande de bien vouloir parrainer ma candidature.
Et si vous ne parrainez pas la mienne, alors parrainez-en une autre, pour que vivent le débat public et la démocratie dans notre pays. Ne vous laissez pas contraindre par plus puissants bien que médiocres ! Soyez Français en ayant en bandoulière, tant les couleurs de la République, que le panache et l’audace qui sont éternellement français.
Vive la République, vive la France !
Georges Kuzmanovic
Président du parti République souveraine
Candidat à l’élection présidentielle