Actualité culturelle
06H09 - mercredi 24 novembre 2021

Dans les pas de Joséphine Baker : les musées et les villes témoins de sa vie

 

Le 30 novembre prochain, la célèbre résistante Joséphine Baker sera intronisée au Panthéon. Chanteuse, danseuse, égérie de Dior et Balmain, Compagnon de la Libération, militante anti-raciste, cette franco-américaine a eu un parcours héroïque durant les Années Folles et la Seconde Guerre Mondiale. Elle sera la première femme noire à être panthéonisée, aux côtés notamment d’Aimé Césaire.

Cette « intronisation » est l’occasion d’exposer et de raviver ces morceaux de vie en divers lieux en France. Voici un tour de France des diverses expositions sur Joséphine.

À Paris, moult évènements et expositions tout au long du mois sont prévus. Dans le 13ème arrondissement, la piscine éponyme accueille l’exposition « Baker au fil de l’eau », du 25 novembre au 31 décembre. Construite en bord de Seine, la piscine Joséphine Baker met en lumière des images d’archives, des peintures, des portraits ainsi que des statues de Joséphine signées par de célèbres plasticiens et sculpteurs. Son fils Brian Bouillon-Baker organise des séances de dédicaces de son dernier livre consacré à sa mère, et en lira les premières pages le 24 novembre aux horaires d’ouverture de la piscine. Au Centre Pompidou, le sculpteur Alexandre Calder a construit une statue intitulée « Joséphine Baker IV », la représentant en mouvement. Elle est exposée en permanence, de même que le dessin d’Henri Laurens datant de 1915, et représentant la danseuse.

Au musée National de la Coopération franco-américaine, dans l’Aisne, une peinture sur huile de sa troupe est exposée. Le Château des Milandes, résidence de Joséphine qui y a élevé sa « tribu arc-en-ciel » de douze enfants du monde entier qu’elle a adoptés, reste ouvert au public et dédie ses pièces à cette femme incroyable. L’exposition est permanente, le château n’étant inaccessible que du 7 février au 6 mars, puis du 10 avril au 18 mai. Il est situé en Dordogne, à Castelnaud-la-Chapelle. Sa résidence sur la Côte d’Azur est également ouverte au public, avec des espaces dédiés à la militante.

L’Ensemble Contraste et Magali Léger rendra hommage à l’artiste et à ses derniers concerts des années 70 au Bal Blomet, dans le 15ème arrondissement, le 30 novembre. Le Bal Blomet fut un des cabarets où Joséphine s’est fait un nom dans les années 20. Ses plus célèbres chansons y seront jouées.

Enfin, au village de Saint-Florentin en Bourgogne, une exposition en extérieur retrace la vie de la Résistante. Les différents aspects de sa vie se retrouvent à différents points de la ville, à commencer par l’office du tourisme. L’exposition s’achèvera le 30 novembre.

De villes en villages, toute la France célébrera l’inoubliable Joséphine !

Une chanteuse Joséphine Baker ? Non, elle fut bien plus que cela !

Née en 1906 dans le Missouri ségrégationniste, Joséphine Baker a très tôt dû s’adapter à la grande pauvreté de sa famille et travailler en même temps qu’elle poursuit sa scolarité. Son premier mariage avait eu lieu à l’âge de… 13 ans ! Fuyant son mari mais elle fuit son mari quelque temps après. En 1920, elle trouva sa place au sein d’une troupe de danseurs, le Jones Family Bones. Elle s’est remariée en 1921 avec Willie Baker, et tenta les scènes de Broadway en 1925 avec la troupe La Revue Nègre. Fuyant la ségrégation, elle se réfugia en France à 19 ans, assurant à l’époque que la France « est le seul pays où l’on puisse vivre tranquillement. J’étouffais aux États-Unis, je me suis sentie libre à Paris. » Elle a créé la polémique lors d’une représentation dans la capitale, en dansant sur scène seulement vêtue d’un pagne de bananes. Elle a balayé les critiques avec esprit, affirmant que « Paris aime beaucoup mon popotin, lui. Ce qui m’a le plus flatté, c’est qu’on dise qu’il est espiègle et naturel. Depuis, j’ose à peine m’assoir dessus. » Grande chanteuse, elle a conquis les Folies Bergères et la capitale avec ses chansons, véritables odes à Paris. J’ai deux amours fut une de ses chansons emblématiques.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, Joséphine a rejoint les rangs de la Résistance sans sourciller. Elle a quitté la capitale à l’arrivée des Allemands, s’est réfugiée au Château de Milandes et est entrée dans les services de renseignements de la France libre. Elle a finalement été nommée Compagnon de la Libération par le Général de Gaulle. Après la guerre, elle s’est engagée dans le mouvement américain des droits civiques, et a marché aux côtés de Martin Luther King à Washington. En 1955, elle a adopté 12 enfants aux origines diverses, sa « tribu arc-en-ciel », à qui elle inculquera ses valeurs. Ils vivront avec elle au Château. En 1968, elle s’est installée à Roques Brunes sur la Côte d’Azur, aidée par la princesse Grâce Kelly. Depuis sa mort en 1975, Joséphine est enterrée au cimetière marin de Monaco.

Maud Baheng-Daizey

 

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