Depuis 1975, la Maison de la Literie a su se hisser au sommet du marché européen de la literie, et en est aujourd’hui le leader. Un succès que Pierre Elmalek explique pour Opinion Internationale, à l’occasion des 40 ans du mastodonte de la literie française. Considérant l’innovation comme l’un des fondamentaux d’une entreprise, la Maison de la Literie s’est distinguée de la concurrence en faisant sans cesse évoluer ses matelas et ses sommiers, et en prêtant une grande attention aux nouvelles technologies dans le domaine.
La popularité de l’entreprise a été assurée en vendant une grande partie de la marchandise à prix abordable. À ses débuts, la forme de distribution de literie dans les années 1975 à 1980 était limitée aux magasins de meubles, et la literie était vendue sans être essayée. Le client achetait une chambre à coucher à 15 000 francs avec une literie de piètre qualité. Pierre Elmalek s’est exhorté à innover la literie, et sa société a introduit en France dès 1980 les lits à lattes de bois, ou encore les matelas en mousse et en Latex. Le matelas en mousse ne représentait pas plus de 2 % du marché français, et quarante ans plus tard, il occupe la moitié du marché. Les concurrents ont été entraînés dans ses innovations commerciales et marketing, et la grande distribution a suivi le mouvement en revendant ses produits basiques. En rehaussant la qualité de produits et en les innovant, la Maison de la Literie garde la main mise sur la vente de la literie moyenne et haut de gamme.
Dorénavant, les magasins de luxe et notamment la Maison Prestige vendent leurs produits. Phillipe Salesse, le concepteur et innovateur, en est très fier. Plus l’entreprise monte en gamme et plus elle vend, comptabilisant en 2021 un panier moyen de 5 000 euros par client dans les magasins de luxe. Ils se sont accaparé le marché jusqu’en devenir le leader européen, avec bientôt 500 points de vente dans l’Union européenne. Présente en Suisse, Côte d’Ivoire, en Tunisie, en Chine et bientôt en Pologne, la Maison de la Literie espère gagner du terrain sur les marchés de l’Est et conquérir Moscou ainsi que l’Afrique. L’objectif de 300 points de vente en Chine sera atteint d’ici cinq ans, bien que son expansion ait été ralentie par la crise sanitaire.
Made in France ou made in Europe ?
Mais où l’équipe de Pierre Elmalek produit sa marchandise ? Dotée de deux usines françaises, dont l’une a été agrandie en 2021, l’équipe fait néanmoins appel à une usine polonaise. La Pologne ne produit qu’une petite partie dans le rare cas où les usines françaises ne peuvent combler la demande. Si la Chine a signé pour nos 300 magasins, les produits resteront « Made in France », une exigence du contrat. Ironiquement, le coton acheté par la Maison de la Literie est chinois, mais les acheteurs chinois aux grands moyens ne veulent se fournir qu’avec des produits français, précédés par notre réputation. Une excellente nouvelle pour notre pays, car les exportations de literie vers la Chine s’apprêtent à bondir. Bonne nouvelle pour la Maison de la Literie et les sociétés « Made in France », l’État alors plusieurs aides financières pour vos exportations vers l’étranger, une récompense pour porter aussi haut les couleurs du pays. Seul bémol pour la Maison de la Literie, le manque d’employés, activement recherchés par l’entreprise pour pallier à ses besoins.
Si la Maison de la Literie doit sous-traiter, elle le fera avec des usines et producteurs français, afin de respecter son label. Made in France ou made in Europe avec l’usine polonaise, qui alimente une partie du secteur français ? Dans l’Union européenne, les produits « made in France » ou « made in Italy » peuvent contenir une partie de leurs matériaux produits dans d’autres pays de l’Union, sans entacher le précieux label. La Chine est catégorique sur ce point, et n’achètera que du 100 % français. Si certaines de ses pièces proviennent de l’étranger (essentiellement de l’Union européenne), la Maison de la Literie précise qu’elle assemble et transforme tous ses produits en France. Avec la Maison de la Literie, le « Made in France » a de beaux jours devant lui.
Maud Baheng Daizey