Lire délivre. Alors que chaque jour nous rapproche de l’hiver et de ses chutes de température, les soirées se passent de plus en plus en intérieur, sous un plaid ou près du feu (enfin… du chauffage). Non seulement la venue du froid nous alloue davantage de temps, mais il correspond également souvent à une envie d’évasion, par la culture ou les pensées. Il coïncide en outre parfaitement à un prétexte pour se (re) mettre à lire. Voici donc notre sélection de romans, tantôt noirs, tantôt parsemés de lumière, pour terminer l’année sur une touche littéraire.
Le parfum des fleurs la nuit de Leïla Slimani (Stock)
La nuit, c’est aussi le royaume des fantômes. Et dans ce livre, Leïla Slimani convoque les siens. Confession discrète dans laquelle l’auteure trouve l’inspiration de son œuvre après une nuit dans la Punta della Dogana, les anciennes douanes de mer de Venise, transformées depuis 2009 en un musée d’art contemporain, l’écrivaine évoque l’absence de son père jadis emprisonné, désormais décédé. Avec dévouement et passion, Leïla Slimani propose ainsi un mélange d’autobiographie et de réflexions sur la vie et l’écriture.
Pris : 18 € – 128 pages
Il est des hommes qui se perdront toujours de Rebecca Lighieri (Gallimard)
« L’espérance de vie de l’amour, c’est huit ans. Pour la haine, comptez plutôt vingt. La seule chose qui dure toujours, c’est l’enfance, quand elle s’est mal passée ». D’emblée, le roman débute par les traits que l’on devine tirés, éprouvés, et fatigués de Karel, le narrateur. L’incipit est brillant et la première interrogation qu’il émet l’est tout autant : « Qui a tué mon père ? » L’auteure pose ici la question centrale du livre : la construction d’une famille, d’enfants face à un père névrosé par la vie et abruti par la drogue. Il évoque la difficile évolution de vies brisées, dont celle de Karel, par une enfance décadente.
Prix : 8 € 60 – 368 pages.
Aussi riche que le roi d’Abigail Assor (Gallimard)
Années 80, Casablanca. Pauvre, mais belle, en quête d’une vie meilleure, Sarah, 16 ans est déterminée à se faire une place dans la bourgeoisie marocaine. Elle séduit, se perd, traverse les méandres d’une ville où les murmures faussement scandalisés rivalisent avec les avortements des prostituées dans les arrière-boutiques. Une tranche de vie et des envies d’ailleurs. Un premier roman d’une justesse inouïe.
L’éblouissement des petites filles, Timothée Stanculescu (Flammarion)
Dans un village au cœur de la Charente, Justine s’apprête à passer un été sur fond d’ennui, mais un drame perturbe tout : la disparition de sa camarade de classe, Océane. Chez Justine, cet événement révèle les difficultés de l’adolescence où l’on migre du statut de petite fille sans histoire à celui d’une femme qui veut exister. L’écriture et le style de Timothée Stanculescu parviennent à nous faire (re) vivre ces moments intenses, pleins de joies et de douleurs.
Puisque le soleil brille encore, Sarah Barukh (Calmann Levy)
Portrait d’une femme avocate qui porte en elle un lourd secret. Un roman sur la quête de l’identité sur fond historique entre la France et l’Argentine dans lequel l’auteur lève le voile sur la tragédie des enfants disparus. Dans les brumes de l’alcool, peut-être découvrira-t-elle le chemin de la vérité.
Une sélection d’Anne Bassi et Noé Kolanek