Edito
06H44 - vendredi 17 décembre 2021

Emmanuel Macron et les Français : les premiers signes du Grand désamour ? L’édito de Michel Taube

 

Tout est « grand » de nos jours, du moins c’est ce que l’on nous dit. Sauf l’audience d’Emmanuel Macron lors de sa soporifique berceuse de mercredi 15 décembre, pourtant chantée durant deux heures sur TF1/LCI.

Résultat : 3 millions de téléspectateurs. Un Grand flop, et le signe d’un Grand désintérêt des Français pour la parole de leur Président, d’un désamour qui n’a cessé de s’aggraver depuis l’affaire Benalla en 2018, malgré quelques sursauts de popularité, en particulier après sa décision d’instaurer le pass sanitaire, succédané de pass vaccinal comme il l’a reconnu, et qui permet aujourd’hui encore aux Français de traverser les vagues pandémiques sans hécatombe sanitaire ni mesures radicales qui porteraient atteinte aux libertés et à l’activité économique. Pour le moment…

Au plus fort de la crise des Gilets jaunes, puis des mouvements sociaux contre la réforme des retraites, Emmanuel Macron suscitait une haine tenace, si démesurée qu’elle en était injustifiée. Les Gilets jaunes sont très vite devenus rouges et destructeurs. Des délinquants, voire des criminels (jeter à la face d’un policier un pavé de 7 kilos devrait être jugé aux assises, mais Emmanuel Macron a préféré à plusieurs reprises mettre en exergue la violence policière). Les adversaires les plus déterminés à la réforme des retraites étaient surtout des privilégiés comme les roulants de la SNCF, qui aujourd’hui encore ont failli prendre en otage les Français, exerçant un odieux chantage auquel il faudra répondre bien plus fermement qu’avec la réforme de la SNCF initiée par Emmanuel Macron au début de son mandat. En Italie, la grève est interdite dans les transports publics pendant les fêtes de Noël et de Pâques. En Allemagne, elle l’est pour les fonctionnaires. Quel candidat à la présidentielle de l’an prochain aura le courage de telles mesures ?

En cet hiver 2021, Emmanuel Macron ne suscite plus autant de haine. Nombreux sont les Français, tels ceux qui n’étaient pas devant leur petit écran ce 16 décembre, auxquels il inspire de l’indifférence. C’est peut-être pire que la haine, alors que lui affirmait sur TF1 avoir appris à aimer les Français.

À bien des égards, le chef de l’État semblait en Grand décalage par rapport aux Français. Le fameux Grand remplacement cher à Éric Zemmour, il le nie, alors que la majorité en ont le sentiment. Ce n’est pas pour autant qu’ils ont raison. Nous n’aurons que trop d’occasions d’y revenir. Mais sur l’immigration comme sur l’insécurité et la montée du fondamentalisme islamique, le chef de l’État ne semble pas avoir pris la vraie mesure, non seulement du sentiment des Français, mais aussi de la réalité qu’ils vivent au quotidien.

Nous n’avons pas su maîtriser l’immigration, nous dit Emmanuel Macron, oubliant qu’il est aux manettes depuis bientôt cinq ans. Mais a-t-il seulement voulu la maitriser ? Il est le chantre du multiculturalisme, ayant même nié l’existence d’une culture française durant sa campagne électorale de 2017. Il a toujours considéré que l’économie mondialisée était le remède à tous les maux.

Après la décapitation de Samuel Paty par un islamiste, Emmanuel Macron fit croire aux Français qu’il allait, cette fois, prendre le taureau par les cornes. L’éléphant accoucha d’une souris : la loi du 24 août 2021 « confortant le respect des principes de la République ». Les islamistes s’en tordent encore de rire. C’est une constance du quinquennat : le décalage entre le discours et les actes est Grand, très grand même.

Certes, ses prédécesseurs n’ont pas été en reste avec les promesses non tenues. La botte du père Noël est toujours bien garnie (de mensonges et d’illusions) en ces mois de décembre préélectoraux.

Pour Emmanuel Macron, la conséquence de ce désamour pourrait être terrible : une élimination du second tour de la présidentielle. Son manque d’allant lors de sa prestation télévisée indiquerait-elle qu’il en est conscient ?

L’irruption inattendue il y a encore trois mois d’Eric Zemmour et de Valérie Pécresse dans la course des favoris rebat les cartes, oblige Emmanuel Macron à gauchiser son discours comme il l’a fait devant une minorité de Français mercredi, terrain sur lequel il est loin d’être assez crédible.

Et si le chef de l’État sortant commençant à douter ? Et si le match du premier tour s’annonçait comme tellement serré qu’il pourrait terminer troisième voire quatrième ?

Le feu Macron s’étendrait-il doucement ? A la veille de la trêve des confiseurs de Noël, le suspense est plus grand que jamais.

 

Michel Taube

Directeur de la publication

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