Depuis sa déclaration de candidature, Éric Zemmour poursuit sa mue présidentielle. Sans renoncer à sa priorité identitaire, celle de sauver la France et la civilisation européenne, il démontre et même surprend par la crédibilité de son discours, notamment en matière économique, au point qu’il rase peut-être moins gratis que ses concurrents pourtant réputés plus sérieux en cette matière.
Sur le plateau de l’émission de Cyril Hanouna, « Face à Baba », dont il fut le premier invité politique dans le cadre de la campagne de la présidentielle, Éric Zemmour a également fait preuve d’un calme étonnant face à des attaques d’une rare virulence. Certes, certains de ses propos demeurent fort contestables. Par exemple, au lieu de reprocher l’intrusion du racialisme à l’école, il dénonce l’enseignement de l’antiracisme.
Intraitable sur le fond, Eric Zemmour continue à arrondir les angles pour mieux revêtir les habits de présidentiable. Le candidat à l’Elysée a une fois de plus, après son discours de Villepinte, tendu la main aux musulmans de France, sur le mode : « choisissez l’assimilation à la société française plutôt que la soumission à l’Islam. »
Sa proposition d’interdire le voile islamique dans toute la société a évidemment fait débat. La crainte d’une France libanisée d’ici vingt ans justifie cette mesure radicale qui a l’avantage de déplacer le champ de la la laïcité de la neutralité de l’Etat à l’ensemble de la société. Mais l’on se demande si l’interdiction de tout signe religieux dans la rue ne serait pas de nature à créer immédiatement de très fortes tensions. Rappelons que la loi interdisant la dissimulation du visage, donc le voile intégral, n’a jamais pu être appliquée, car le policier qui dresserait une contravention devrait être accompagné d’un escadron de gendarmes mobiles ou de CRS, si ce n’est pas par l’armée, pour survivre à la violence que provoquerait l’application de la loi, en particulier dans les « Quartiers de Reconquête Républicaine », un terme qui en dit long sur leur situation.
Un paradoxe étonnant s’est joué en direct sur le plateau de « Face à Baba” durant plus de trois heures : toujours aussi ferme sur le fond, Eric Zemmour s’est montré moins extrémiste et violent qu’un Aymeric Caron et surtout Alexis Corbière qui a multiplié les attaques agressives. Comme des perroquets, ils ont accusé obstinément leur ennemi (à ce stade, on ne peut plus parler d’adversaire ou de contradicteur), d’être fasciste et raciste, des propos battus en brèche par Éric Naulleau, ami de longue date d’Éric Zemmour, qui s’oppose pourtant à lui sur de nombreux points. Naulleau se revendique de gauche, mais d’une gauche traditionnelle française qui n’existe plus. Celle du vivre ensemble, de la méritocratie et de la laïcité, alors que celle qui s’est imposée est néo marxiste, multiculturaliste, égalitariste dans le sens du nivellement par le bas, wokiste et trop souvent islamogauchiste. La gauche socialiste d’aujourd’hui a trahi tous ses idéaux, toutes ses valeurs originelles. Elle avait quelques specimen face à Zemmour qui ne s’en est pas laissé démonter.
« C’est parce que je suis de gauche que je ne suis plus de gauche » dit souvent Alain Finkielkraut. C’est parce que Corbière et Caron, pour en rester au contexte de l’émission « Face à Baba », ne sont plus que des fascistes de gauche, des idiots utiles de l’islam politique, du wokisme et de l’indigénisme, que la gauche est éliminée de la course au pouvoir, qu’elle a perdu son électorat, principalement parti chez Le Pen et Zemmour.
Si Zemmour et Le Pen ne sont pas fascistes ou racistes, leur conception de la nation n’en demeure pas moins porteuse de graves dérives. Pour eux, la nation prime les valeurs. Le féru d’histoire qu’est Éric Zemmour ne devrait pas oublier à quoi peut conduire le nationalisme.
Et vint l’avocate d’une société transsexuelle
Clou de la soirée, Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, offrit une opportunité trop facile à Éric Zemmour de défendre la normalité de la différence des sexes sur le plateau de « face à Baba » contre l’apologie de la transsexualité, présentée par la ministre comme une normalité, un choix de vie donné aux adolescents.
Sait-elle que la Suède, premier pays à avoir reconnu le droit des transgenres, allant jusqu’à permettre aux parents de faire administrer des hormones à des mineurs qui croient ne pas se sentir bien dans leur sexe, pardon leur genre, commence à prendre acte son erreur, de sa faute. Le plus prestigieux hôpital de Stockholm s’oppose désormais à cette folle dérive idéologique, car il a constaté que la dysphorie de genre était devenue une pathologie de masse à l’adolescence, alors qu’elle était rarissime jusqu’alors.
Comme le dit à juste titre Éric Zemmour, mettre dans la tête d’enfants et d’adolescents qu’ils peuvent choisir d’être un garçon ou une fille comme s’ils hésitaient entre un Iphone et un Samsung, relève du crime, certes un crime sociétal ou anthropologique, mais un crime tout de même. En France, il faut éradiquer le wokisme, ce qui n’interdit pas de lutter contre les vraies discriminations.
Tant d’excès et surtout de violences servent les intérêts d’Éric Zemmour. Il est régulièrement insulté, agressé, pris à parti par des prétendus adversaires du fascisme, ces stalinistes ennemis de la démocratie et de la république. Des images filmées dans les coulisses de l’émission « face à Baba » montrèrent Alexis Corbières et sa compagne Rachel Garrido, également islamogauchiste de la France insoumise, s’en prendre avec une telle virulence au jeune Stanislas Rigault, soutien d’Éric Zemmour, qu’il dut être protégé par le service de sécurité de l’émission. Voilà ce qu’est aujourd’hui l’extrême gauche : un fascisme, ou un stalinisme du XXIe siècle, et, au final, le meilleur allié d’Éric Zemmour dans cette course à l’Élysée.
Au final, ce show médiatique remporta un gros succès d’audience, contrairement à Emmanuel Macron la veille sur TF1. Et quelle ironie de l’histoire, quelle belle leçon de choses à tous ceux qui tous les jours se complaisent dans une posture victimaire ou dénoncent le sort qui serait fait aux minorités, de voir hier que les deux ténors de la vie politico-médiatique française furent deux Méditerannéens, deux juifs arabes, Baba et Zemmour. La France de la diversité a encore de beaux jours devant elle.
Michel Taube