Edito
12H32 - mercredi 12 janvier 2022

Monsieur le Coronavirus, cachez ce bilan que les Français ne sauraient voir ! L’édito de Michel Taube

 

Le bilan de Macron ou de quoi marcher sur la tête ? A moins de trois mois du premier tour de l’élection présidentielle, le portrait (officiel) du chef de l’Etat a de quoi faire tomber à la renverse.

Lien social et concorde civile, écologie, école, hôpital, sécurité, bureaucratie, justice, islamisme, laïcité… Malgré toutes les circonvolutions de la macronie, le sourire charmeur de saint Macron, la verve de « l’Illustre emmerdeur » pour les uns, du grand Séducteur pour les autres, un pareil bilan après cinq ans d’exercice du pouvoir devrait être difficile à défendre.

Les réformes ? Trop de montagnes ont accouché de souris ! Trop d’injonctions paradoxales (les méfaits du « en même temps » macronien) ont ruiné l’efficacité de réformettes présentées comme des révolutions.

Pics d’échec de ce quinquennat : les retards irrattrapables dans la gestion de la crise des gilets jaunes, les sorties regrettables sur la violence des policiers que casseurs et dealers prennent pour cible, l’incapacité à faire passer une réforme des retraites pourtant promise et nécessaire, la gestion désastreuse de la première phase de la crise sanitaire, gestion entachée de mensonges et d’incongruités (incluant la promotion, qui passe mal, d’Agnès Buzyn, à l’OMS puis à la Légion d’honneur).

Echecs de l’Etat : les protocoles sanitaires délirants à l’école en cette rentrée scolaire 2022 illustrent cet échec opérationnel. Décidément, l’Intendance n’a pas suivi sous Macron et ses premiers ministres.

Reste l’économie, puisque l’argent est toujours le nerf de la guerre. Le chômage baisse, comme dans tous les pays de l’OCDE, mais la plupart de nos voisins font mieux, et souvent bien mieux que nous. Ils ont aussi fait leur réforme des retraites, parfois de leur administration. Nos exportations sont au plus bas, notre endettement est monstrueux… Les points positifs ne font guère le poids sur la balance, d’autant plus que certaines réformes ont été amorcées à la fin du quinquennat, avec comme sempiternelle excuse le fameux Covid.

Alors bien sûr, cela aurait pu être pire. Que serait-il advenu si, en 2017, François Hollande avait rempilé, si François Fillon n’avait pas sombré, si Marine Le Pen avait fait disjoncter Emmanuel Macron lors du débat du second tour, alors que ce fut l’inverse ? Le Covid peut expliquer que certaines réformes n’aient pu se faire. Il donne également au sortant l’occasion de se vanter de son « quoi qu’il en coûte » qui aurait sauvé la France, éviter des centaines de milliers de faillites et des millions de chômeurs… pour le moment. Mais il n’y a pas un seul pays au monde qui n’ait pris des dispositions de soutien, puis de relance de l’économique, comme le démontre cette analyse du FMI (en anglais) : https://www.imf.org/en/Topics/imf-and-covid19/Policy-Responses-to-COVID-19#B. Tout cela se fait à crédit, et il est difficile de croire le candidat Macron qui jure que les impôts n’augmenteront pas lorsqu’il faudra payer la facture. Car si ce n’est pas l’impôt qui financera la dette, ce sera la baisse des prestations sociales, ou alors l’inflation qui peut déstabiliser toute l’économie. Rien n’est gratuit, rien n’est indolore.

Au fond, se concentrer sur le Covid permet d’éviter de parler du bilan d’Emmanuel Macron. Mais la vague Omicron ne fait-elle point juste retarder cette heure de vérité ? Plus que jamais la campagne de l’élection présidentielle sera courte, intense et déroutante.

Mais à l’heure du bilan, l’insolente popularité sondagière (dont il faut tout de même se méfier de la véracité) du président de la République risque d’en prendre un coup et de resserrer les pronostics.

Michel Taube

Directeur de la publication