Après l’hologramme en 2017, voici que Jean-Luc Mélenchon nous a servi hier à Nantes le meeting immersif et olfactif. Un beau succès sur les réseaux sociaux ! Une réussite de forme destinée à mieux faire avaler aux Français la potion amère que le Che français voudrait nous asséner s’il arrivait au pouvoir ?
L’immersion, on a pu l’avoir (très relativement) sur son téléphone, grâce aux technologies américaines ou sud-coréennes énergivores et donc polluantes, et bien sûr ultracapitalistes. Le showman sort des gadgets de la société de consommation qu’il honnit de manière caricaturale, oubliant qu’il vaut mieux être pauvre en France en 2022 que presque partout ailleurs, à n’importe quelle époque.
Si au moins des technologies françaises avaient été utilisées pour tenir ce meeting 4.0…
Et puis ce n’est pas si nouveau : déjà en 2016, Nathalie Kosciusko-Morizet avait répondu à une interview 360° à la une d’Opinion Internationale. C’était la 2ème interview au monde en 360° d’un leader politique. La technologie n’avait pas été concluante pour faire vivre le débat. Le soufflé risque-t-il de retomber aussi vite avec Mélenchon hier ou Mark Zuckerberg proposera-t-il au leader des Insoumis de participer à sa nouvelle aventure Metaverse ?
La caméra 360° nous a envoyés dans l’espace et un parfum (bio espérons) a envoyé les 3000 participants dans l’espace. Rock star, Mélenchon a des allures d’Elon Musk vintage ! Pas mal !
Mais.
Sur le fond, rien de neuf. Les « riches », il veut les tondre, comme si cela suffisait à renflouer les caisses pour distribuer généreusement aux « pauvres », sans oublier les classes moyennes. Il promet le référendum d’initiative populaire et révocatoire, dont il serait la première victime quand les riches qui n’auront fui (les en empêcherait-il ?) auront été plumés, et que les classes moyennes auront basculé dans la pauvreté. Mais cet autocrate, admirateur de bon nombre de dictateurs, trouverait tous les prétextes pour ne pas s’y soumettre.
Jean-Luc Mélenchon feint de croire qu’avec moins de 0,9% de la population mondiale, et moins de 3 % du PIB planétaire, la France imposera son programme à la terre entière, désarmera l’espace, obligera Russes, Américains et Chinois à détruire leur arsenal nucléaire, supprimera l’élevage industriel, obligera les États-Unis à abandonner le capitalisme et l’Union européenne à devenir marxiste… Mélenchon est bien trop vieux pour ce type de discours utopique.
Certes, il assène quelques vérités : oui, l’origine du Covid et des futurs virus qui nous vaudront d’autres épidémies est probablement à chercher dans les élevages intensifs, summum de la maltraitance animale. C’est comme si la nature se vengeait de notre cupidité. Certes, les inégalités sont monumentales (mais moins en France qu’ailleurs). Certes, l’appât du gain détruit la nature…
S’il a fondamentalement raison de dénoncer les discriminations, ce faux utopiste n’envisage jamais que la responsabilité puisse en être partagée. Il refuse d’admettre que nous sommes dans un système qu’il vaut mieux améliorer que détruire au profit d’une alternative plus que hasardeuse. Pour espérer le mieux à défaut du meilleur, on risque fort de passer par le pire, et de le garder longtemps.
Mélenchon veut-il changer le monde, changer l’homme ? Ce n’est pas avec ses idées marxistes que l’humanité a progressé. La civilisation des Lumières, la démocratie, la sécularisation, les progrès de la médecine et de la science, le pacifisme (sans naïveté), la conscience et la transition écologiques (avec et non contre l’économie) … Le futur sera ce que nous en ferons, mais il ne pourra être meilleur avec les potions empoisonnées du druide Mélenchon.
De l’argent, il en a fallu pour faire joujou avec la technologie olfactive du meeting d’hier. Les Insoumis ne seraient-ils pas si insoumis que cela ?
Michel Taube