Si Alain Dupouy admet que l’Afrique est bel et bien le continent d’avenir, il faut qu’ensemble, Européens, Français et Africains s’en donnent les moyens. L’Afrique peut, aussi bien que le reste du monde être également un « marché » pour l’Europe. « Nous devons aider l’Afrique à mieux accéder à l’Éducation et à la Santé sur place », estime cet amoureux des cultures africaines. Ce fut d’ailleurs le maitre mot, utilisé dans le discours présidentiel d’Emmanuel Macron au Parlement européen même s’il eut fallu éviter le débat déplacé franco-français. En revanche, évoquer les liens entre l’Afrique et l’Europe était attendu, pour confirmer justement cette communauté de destins entre les deux continents.
« Il est cependant tout à fait urgent, argue Alain Dupouy, que les gouvernants français et les Européens dans leur ensemble, prennent conscience que les modes de gestion, dans certains pays, doivent être rénovés. Notre complaisance envers certains gouvernants africains crée un doute auprès des populations africaines, allant jusqu’à provoquer ce sentiment « anti Français » trop courant. L’Europe, comme les autres puissances, doit participer à ces partenariats avec l’Afrique dans l’intérêt des populations.
La seule solution ne doit pas être « le coup d’État », même si les pouvoirs trop longtemps en place ne font qu’inciter à les provoquer (comme au Mali ou en Guinée Conakry). « Je ne cautionne pas les coups d’État, précise Alain Dupouy, mais cela montre bien le ras-le-bol auquel les peuples sont hélas confrontés ». Or, qui laisse faire les juntes militaires, et les périodes de transition qui n’en finissent pas ?
« Mon vœu le plus cher est que la prise de conscience des dirigeants européens, et donc des Français, permette de faire véritablement fonctionner les partenariats entre l’Afrique et l’Europe, et qu’ensemble nous parvenions à plus de démocratie, de bonne gouvernance, de respect de l’État de Droit, de lutte contre la corruption (certains pays ont déjà commencé). Alors seulement, les rapports s’assainiront au profit des peuples, et notamment de leur jeunesse en attente. C’est cela qui doit être l’ambition de l’Europe dans sa relation avec le continent africain ».
Propos recueillis par Deborah Rudetzki