Emmanuel Renaut est le fier ambassadeur d’une région où les plaisirs de la neige riment avec gastronomie. Du haut de ses montagnes mégevannes et fort de ses trois étoiles, il embarque dans son sillage le meilleur de la Haute-Savoie. Néanmoins, même si la saison s’annonce sous de bons auspices, les dernières années se sont avérées difficiles. « Nous devons tirer des enseignements de ce qui vient de se passer, affirme le chef du Flocon de Sel, et prendre des dispositions pour une véritable prise de conscience ». Entre attentats, climat économique compliqué et pandémie, au moment d’exprimer son vœu, il pense surtout aux petits restaurateurs.
« Nous avons beaucoup de chance dans nos maisons étoilées, avec des équipes motivées et présentes, mais nous devons tous créer une solidarité, car trop de personnes ne font que se regarder le nombril ». Très engagé à la fois auprès des petits producteurs, mais aussi dans le village et plus généralement dans la promotion de la Haute-Savoie – il est à l’initiative du festival Toquicimes –, Emmanuel Renaut joint toujours les actes à la parole. « La solidarité s’entend au niveau national, mais aussi envers ses voisins, entre collaborateurs, et doit être comprise par le monde de l’entreprise ».
Avant de préciser : « Je n’aimerais pas être à la place des politiques qui travaillent sans cesse dans l’urgence et j’espère que les équipes gouvernementales pourront relancer l’économie en prenant en considération tous ceux qui ne se plaignent pas. Car, malheureusement, ceux que l’on n’entend pas et qui représentent tout de même, et fort heureusement, la majorité sont souvent oubliés ». Il estime son métier « facile », car au résultat, il procure de la joie à ses clients, mais souhaiterait que les politiques aient conscience que les maisons de qualité sont des vitrines de la France. « Pour être mieux vu à l’étranger, il faut faire savoir que certains véhiculent du bonheur et du bien-être », explique celui qui voit toujours le verre à moitié plein. Producteurs, restaurateurs, employés et politiques doivent comprendre que la solidarité est le maître-mot pour tendre la main à ceux qui sont dans les situations les plus difficiles. « Le coût des produits est de plus en plus élevé, les marges de plus en plus faibles, et si en venant dans un trois étoiles les gens sont prêts à casser leur tirelire, je pense surtout qu’il faut aider les restaurateurs qui réalisent des plats du jour quotidiennement et nourrissent un nombre bien plus considérable de personnes ». Prise de conscience collective et solidarité : mettons-nous tous au travail !
Deborah Rudetzki