En Guyane, plus encore qu’ailleurs en territoire français, l’inégalité entre femmes et hommes est flagrante, à toutes les étapes de la vie, quels que soient l’âge et le domaine. En matière d’insertion professionnelle, l’entrée dans la vie active est souvent plus difficile pour les jeunes guyanaises qui sont aussi plus touchées par le chômage. C’est pourquoi le Zonta club Paris Port Royal Concorde membre du Zonta International qui regroupe 1200 clubs dans le monde composé de femmes et d’hommes exerçant des responsabilités dans l’administration, le commerce, l’industrie, les professions libérales, a tenu début janvier une conférence sur les femmes dans l’aérospatial à Paris.
À cette occasion, Madame Isabelle Hidair-Krivsky, anthropologue sociale et ethnologue, Déléguée régionale aux droits des femmes et à la lutte contre les discriminations, a ainsi posé le constat de la situation des femmes guyanaises à travers les inégalités qui les frappent. Si les femmes sont traditionnellement moins représentées dans les métiers de l’industrie et dans les métiers scientifiques, l’écart se creuse pour les Guyanaises. Au Centre Spatial Guyanais (CSG), présent sur le territoire depuis de nombreuses années, les femmes sont encore minoritaires dans les métiers de production et de maintenance, en dépit de timides avancées.
Afin d’étayer le rôle du Zonta International pour un monde plus égalitaire pour les filles et les femmes, Madame Ersillia Vaudo Scarpetta, Directrice du Pôle de la diversité de l’Agence Spatiale européenne (ESA), lauréate de la Bourse Amélia Earhart du Zonta 1987 à Rome, invitée d’honneur, a témoigné de son parcours scientifique rendu possible grâce à la Bourse Amélia Earhart du Zonta International. Un véritable honneur, selon elle. Elle a incité les jeunes femmes et en particulier les Guyanaises à envisager des métiers de l’aérospatial, un milieu qui souffre de véritables déficiences. Elle a insisté sur le fait que « les métiers de l’aérospatial ont un véritable impact sur les grands défis de demain (la pauvreté, la violence…). Il est important que de plus en plus de femmes s’y consacrent, car c’est à travers ces sujets que l’on imagine rendre possible le futur ».
Mais les conditions d’emploi et le fait, notamment, qu’elles travaillent le plus souvent à temps partiel, expliquent leurs faibles rémunérations au-delà de la parité entre les femmes et les hommes en âge de travailler qui est loin d’être respectée.
En effet, l’influence de la société, l’environnement familial et le coût des études souvent longues et nécessitant de s’expatrier détournent en grande partie l’orientation des filles des carrières scientifiques.
Plus que jamais, il convient de lutter contre certains stéréotypes, inciter et encourager les Guyanaises à envisager des études scientifiques. Leur retour dans leur département d’origine devra aussi être pensé pour garantir les meilleures chances de réussite.
Pour sa part, Narindra Ranaivomiarana, Docteure en mécanique suite à des études à l’Université de Paris Sorbonne, lauréate de la même Bourse Amélia Earhart du Zonta en 2018 et actuellement Directrice du Zonta Club de Paris-Port Royal Concorde, et qui travaille chez Airbus, est intervenue depuis Madagascar. Elle a encouragé les jeunes filles et les jeunes femmes à « rêver grand », dans un monde où « chacun doit être libre de faire ce qu’il veut, en dépit des différences », véritables richesses selon elle.
Profondément convaincues que les valeurs portées par le Zonta International, Mmes Julienne Morisseau, Présidente du Club Zonta Paris-Port Royal Concorde et Andrée Sébéloué, trésorière adjointe de ce même club, soutiennent la création d’un 1er club à Cayenne.
Elles ont enfin insisté sur les Bourses du Zonta qui constituent d’excellents leviers pour stimuler le leadership féminin et les carrières scientifiques des jeunes. Dotées de 2 000 à 10 000 dollars, il y a la Bourse JND-Gaïa Eco-responsable, la Bourse Women in technology, pour encourager les jeunes filles dans les métiers de l’ingénierie informatique, la bourse Women In Business, la Bourse Young Women In Public Affairs et la Bourse Amélia Earhart. Tous les deux ans, 5 millions de dollars de financement sont accordés à des programmes menés par des ONG partenaires.
Agir en faveur du respect des droits des femmes, de l’égalité professionnelle et principalement de l’accès, pour les jeunes femmes, aux métiers réservés aux hommes, œuvrer à a prévention des violences faites aux femmes, aider les femmes en grande précarité (SDF, détenues, en situation de handicap…), c’est un combat de longue haleine que mènent les Zontiennes et Zontiens.
Deborah Rudetzki