Le en même temps façon ralliements de tous bords a commencé !
Au même moment, Eric Woerth, ancien ministre du budget puis du travail de Nicolas Sarkozy, et Natacha Bouchart, Maire de Calais, ville symbole des enjeux de migrations, ont annoncé leur ralliement à Emmanuel Macron. Nicolas Sarkozy, lui, recevait Valérie Pécresse le 11 février à son bureau parisien sans pour autant l’adouber, peut-être en prélude à son ralliement au Président sortant. L’ancien président prendra-t-il la parole au premier grand meeting du candidat Emmanuel Macron ? Il brilla en tout cas par son absence à celui de Valérie Pécresse le 13 février.
En même temps : la formule est en soi très séduisante. Elle évoque le pragmatisme, la nuance, la souplesse, face au dogmatisme, à la rigidité, à l’entêtement. Mais elle peut aussi rimer avec indécision, inaction, clientélisme, compromission.
Exemple : peut-on lutter contre l’islam politique et le wokisme avec Elisabeth Moreno et Roxana Maracineanu, (ministre des sports) dans son gouvernement ? Elisabeth Moreno, Ministre chargée des Droits des femmes, dont les tendances woke, néo féministes et indigénistes sont de plus en plus affirmées, s’est prononcée en faveur du port du hidjab pour les sportives musulmanes, y compris en compétition. Cette position ne fait pas l’unanimité au sein du gouvernement. En même temps, donc… Dois-on rappeler (oui, on le doit) que le voile islamique est utilisé par les islamistes pour imposer la visibilité dans l’espace public d’un islam rigoriste et rétrograde. Et qu’aucun verset du Coran n’impose le voile aux femmes.
Et pourtant, cela n’empêchera pas la poursuite des ralliements de cadres et d’électeurs de LR vers Emmanuel Macron, peut-être même prochainement celui de son leader charismatique, ce qui précipiterait l’éclatement du parti, avant même le premier tour. Si dans les sondages, Valérie Pécresse ne parvient à se détacher des deux candidats nationalistes, c’est l’autre branche de LR, incarnée par Laurent Wauquiez et Eric Ciotti, qui pourrait craquer, et tomber dans l’escarcelle d’Eric Zemmour. C’en serait fini de l’aventure Pécresse. Et de LR !
Si la gauche est au plus mal, c’est aussi et surtout parce que c’est, là aussi, Emmanuel Macron qui incarne aujourd’hui la sociale-démocratie. Les anciens électeurs et supporters de Lionel Jospin, Dominique Strauss Kahn, François Hollande ou Manuel Valls ne se retrouvent pas dans l’offre politique de gauche. D’Anne Hidalgo, la candidate la plus médiocre que le PS ait jamais eu, à l’extrême gauche la plus archaïque, en passant par les écolos extravagants, tous sont à un degré ou un autre contaminés par le wokisme, dans ses différentes variantes. Même Emmanuel Macron, comme nous l’avons vu, s’y soumet de plus en plus ostensiblement.
Jamais le paradoxe n’aura été si grand, jusqu’à confiner à la schizophrénie. Comme naguère avec les Gilets jaunes, les Français pourraient fort bien avoir de la sympathie pour le « convoi de la liberté », tout en étant massivement en faveur de la vaccination contre le Covid. La France est à droite, tendance nationaliste et autoritaire, mais c’est Monsieur en même temps qui fait la synthèse, comme dirait François Hollande, entre ce qui fut la gauche non marxiste et l’héritage du gaullisme social.
Comme en 2017, cela ne peut conduire qu’à un duel entre le « système » et l’anti-système, qui sera une nouvelle fois représenté par un candidat nationaliste. La tambouille ou l’aventure, tel sera à nouveau le choix proposé aux Français.
Le en même macronien au pouvoir pour cinq ans de plus, ce serait la victoire définitive du centre sur les gauches et les droites centristes. Et ce serait l’assurance d’une possible rupture dans cinq ans (et peut-être bien avant) en faveur d’une droite nationaliste recomposée sur les ruines de LR et du Rassemblement National.
Michel Taube