Ce mercredi 2 février, Netflix avait annoncé la sortie du documentaire “L’Arnaqueur de Tinder” concernant l’iconique application de rencontre. Interrogeant notre naïveté face à ces interfaces, l’histoire vraie nous expose l’impact des nouvelles technologies sur le domaine romantique.
À l’heure où les rencontres amoureuses s’effectuent davantage en ligne que dans la vraie vie, il est important de comprendre les rouages de ces applications pour être conscient de ce à quoi elles nous exposent. Cécile, la première victime à témoigner au cours du documentaire, en a fait les frais. Quand elle s’inscrit sur Tinder, ses critères sont simples. Elle recherche une relation sérieuse avec un homme ayant les mêmes centres d’intérêt. Jusque là tout va bien. Puis, les évènements vont s’enchaîner rapidement : un swipe à droite, un match, de brefs échanges et c’est déjà l’heure du rendez-vous. Tel un conte de fées, elle fait la connaissance du beau brun autour d’un verre dans un palace. Et surprise, ils partent en voyage en jet privé à l’issue du rendez-vous !
Des débuts prometteurs que les trois autres victimes vont relater à leur tour. La réalité des faits est bien plus glaçante puisqu’elles sont des centaines dans le monde à avoir été escroquées par ce mystérieux milliardaire. Il dit – à certaines – porter le nom de Simon Leviev et se présente comme étant le PDG d’une entreprise familiale de diamants. Pour les victimes, le rêve tourne très rapidement au cauchemar. Le documentaire réalisé par Felicity Morris, aussi connu pour avoir produit Don’t F***k with Cats, révèle l’incidence psychologique de cette expérience tant dans leur vie sentimentale que dans leur quotidien : menaces, paranoïa, mensonges, usurpation, vol… cet homme leur a fait subir une pression psychologique et financière inouïe que nous suivons dans un docu-enquête palpitant. Sur une note plus positive, découvrez la vengeance de Cécile, Pernilla et Ayleen dans la deuxième partie du film !
Face à ces révélations rocambolesques et inimaginables, les adeptes de Tinder n’ont qu’à bien se tenir. Évidemment, la majorité des relations se créant sur le réseau social ne vont pas jusque là. Cependant, il faut relever que Tinder est accablé de critiques ces dernières années. En 2019, la journaliste Judith Duportail a publié une enquête sur les mécanismes inconnues de l’appli : L’amour sous algorithme. Dans celle-ci, elle dévoile que tous les utilisateurs de l’application possèdent une note secrète de désirabilité. Les photos qui apparaissent sur l’interface sont donc prédéfinies en fonction de notre attractivité. Si l’application score notre physique, elle établit aussi une note sur notre intelligence, nos revenus et nos études. Et tous ces critères varient selon le sexe. Ces informations sont obtenues grâce à des brevets déposés par l’entreprise. Alors est ce que l’appli utilise ces brevets à l’heure actuelle ? Difficile de répondre tant le fonctionnement du réseau social est opaque.
Bien ancré dans les mœurs, le phénomène Tinder s’est répandu dans de nombreux secteurs. Même en politique ! Elize, une application utilise le principe du swipe pour inviter à “découvrir de façon ludique les propositions des candidats à l’élection présidentielle”. Alors, s’il est clair que le concept du leader des applis de rencontre apparaît banal, il ne faut pas forcément se fier à ses algorithmes qui conditionnent nos rencontres. Aujourd’hui, des associations telles que Dating Privacy tentent de sensibiliser au respect de la vie privée, à l’utilisation des données et aux risques des rencontres en ligne. Même si ces applications ont peut-être sauvé votre vie sociale pendant les confinements, il est légitime de se demander comment ces interfaces numériques refaçonnent nos relations affectives contemporaines.
Fanny David