On nous dit que telle candidate « n’incarne » pas encore son projet. Parle-t-on français ? Ce serait oublier que l’incarnation, demeure « l’action par laquelle une divinité prend chair dans le corps d’un homme », l’exemple type en étant le Christ. On nous répète nuit et jour que nous sommes en république, que la laïcité règne, etc., mais un « déficit d’incarnation » condamnerait Valérie Pécresse. Mais puisqu’on cite des noms, et parle des candidats : Macron, il incarne quoi ? Aller à Moscou pour faire croire que la France a une politique étrangère, le lendemain à Belfort pour faire oublier que Macron-Hollande ont bradé Alsthom, Alcatel, Technip, etc., et maintenant à Brest pour la pureté des océans…
C’est la méthode Hollande. Pendant cinq ans, j’essore la France, et en période de campagne, je prends des engagements pour 2050. J’incarne… mais j’incarne quoi ? La France se réduirait à ceux qui apparaissent sur les écrans plats, coiffés par X et habillés par Y, et prenant tour à tour des mines, préoccupée ou réjouie ? Quel expert est capable de décrire ce qu’est le macronisme ? On croit rêver ! Le programme détaillé de Valérie Pécresse est connu, et sur certains points, simplement pratique et intelligent. Exemple type : plutôt que de construire à grands frais et grands délais de nouvelles prisons, faire désormais dormir les condamnés à de courtes peines dans des locaux administratifs jusqu’alors désaffectés. Coût réduit pour l’État et donc, pour nous, contribuables. Simple, compréhensible… Que veut-on de plus ? Qu’a fait Macron en cinq ans ? Pardon, j’entends mal la réponse… Où sont les condamnés depuis cinq ans ?
Prenez maintenant l’exemple des océans, dont on sait qu’ils recèlent la vie, mais, désormais contaminés, ont été rendus malades. Nombre d’experts rappellent cette évidence : leur pollution provient d’abord des fleuves. CQFD : il faut dépolluer les fleuves en amont des estuaires. Ce n’est pas très compliqué à comprendre. Et moins compliqué à faire que de racler cinq océans et une vingtaine de mers… Qu’a fait Macron en cinq ans ? Mer du Nord, Manche, Atlantique, Méditerranée… Pardon ? Quelle réponse ?
Incarnation ? Ce qui frappe en politique, c’est à quel point le « corps » du président est désormais aussi abstrait que son discours. A contrario, on peut imaginer François 1er à Pavie (24 février 1525), dont le cheval avait été abattu sous lui, relevant son corps de près de deux mètres, alourdi d’une armure de trente kilos. On le voit, on l’imagine. Et Jean Giono, dans son exceptionnel ouvrage, Le désastre de Pavie, nous y aide.
Mais puisqu’on veut à tout prix une incarnation, suggérons celle-ci, qui est simple et pratique. Plutôt que de blablater sur tous les sujets jours après jour, que l’héritier de Hollande s’incarne en descendant les fleuves à la nage. Il parlera mieux de pollution ensuite. C’est impossible ? C’est du dernier bizarre ? Un homme l’a fait. Et en tirer un récit fort instructif, très loin des poncifs dont Macron et autres Hollandais hors sol abrutissent les Français, à Brest ou ailleurs. Le tour de France à la nage, Rémi Camus l’a fait. Voilà une incarnation ! 2650 kilomètres, le corps dans les eaux françaises… un bon début ! Loin des mares stagnantes et des vilains petits canards de l’Élysée.
Jean-Philippe de Garate